QUI ETAIT ANNE CATHERINE EMMERICH ?

La plus grande visionnaire de tous les temps

 

L'Immaculée Conception de la Vierge Marie, un dogme réaliste ?

 

L'IMMACULEE CONCEPTION DE LA VIERGE MARIE, UN DOGME REALISTE ?

Le dogme de l'Immaculée Conception a été promulgué le 8 décembre 1854 par le pape Pie IX. Cela fait plus de 150 ans. C'est bien peu en comparaison des siècles écoulés depuis l'événement.
" Ce dogme, l'un des plus controversés et contestés, soutient que Marie, la mère du Christ, est, depuis sa naissance, étrangère au péché et au mal. " (Midi-Libre du 9 août 2004 pour la visite de Jean-Paul II à Lourdes)

On confond parfois la conception virginale de Jésus et l'Immaculée Conception de la Vierge Marie. Cette Conception miraculeuse aurait préservé Marie du péché et du mal.

Ce dogme est contesté. Et pour cause ! Aucun texte des Evangiles, des Actes des Apôtres ou des Epîtres ne raconte cette Conception de Marie. L'Evangile lu le 8 décembre dans nos paroisses est celui de l'Annonciation par l'ange Gabriel à Marie de la conception virginale de Jésus (d'où une certaine confusion entre ces deux conceptions!)

 

 

POURQUOI CE DOGME ET POURQUOI SI TARD ?

Pourtant la croyance en l'Immaculée Conception de la Vierge Marie remonterait à l'aube de la chrétienté. Il semblait inconcevable d'envisager l'incarnation du Fils de Dieu dans le corps d'une jeune fille, pourtant vierge, mais, souillée par le péché originel.
Un évangile apocryphe (douteux), "le Protévangile de Jacques", ou plus anciennement appelé: "Nativité de Marie. Révélation de Jacques", écrit vers le milieu du second siècle et attribué à l'Apôtre Jacques le Mineur, témoigne de la conception de Marie.

"Nativité de Marie. Révélation de Jacques"

" 1.1. Les histoires des douze tribus racontent qu'un homme fort riche, Joachim, apportait au Seigneur double offrande, se disant: " Le supplément sera pour tout le peuple et la part que je dois pour la remise de mes fautes ira au Seigneur, afin qu'il me soit propice. "
2. Vint le grand jour du Seigneur, et les fils d'Israël apportaient leurs présents. Or Ruben se dressa devant lui et dit: " Tu n'as pas le droit de déposer le premier tes offrandes, puisque tu n'as pas eu de postérité en Israël. "
3. Joachim eut grand chagrin, et il s'en alla consulter les registres des douze tribus du peuple, se disant: " Je verrai bien dans leurs archives si je suis le seul à n'avoir pas engendré en Israël! " Il chercha, et découvrit que tous les justes avaient suscité une postérité en Israël. Et il se souvint du patriarche Abraham; sur ses vieux jours, le Seigneur Dieu lui avait donné un fils, Isaac.
4. Alors, accablé de tristesse, Joachim ne reparut pas devant sa femme, et il se rendit dans le désert; il y planta sa tente et, quarante jours et quarante nuits, il jeûna, se disant: " Je ne descendrai plus manger ni boire, avant que le Seigneur mon Dieu m'ait visité. La prière sera ma nourriture et ma boisson. "

2.1. Et sa femme Anne avait deux sujets de se lamenter et de se marteler la poitrine. " J'ai à pleurer, disait-elle, sur mon veuvage et sur ma stérilité! "
2. Vint le grand jour du Seigneur. Judith, sa servante, lui dit: " Jusqu'à quand te désespéreras-tu? C'est aujourd'hui le grand jour du Seigneur. Tu n'as pas le droit de te livrer aux lamentations. Prends donc ce bandeau que m'a donné la maîtresse de l'atelier. Je ne puis m'en orner, car je ne suis qu'une servante, et il porte un insigne royal. "
3. Anne lui dit: " Arrière, toi! Je n'en ferai rien, car le Seigneur m'a accablée d'humiliations. Et peut-être ce présent te vient-il d'un voleur et tu cherches à me faire complice de ta faute. "
Et Judith la servante dit: " Quel mal dois-je te souhaiter encore, de rester sourde à ma voix? Le Seigneur Dieu a clos ton sein et ne te donne point de fruit en Israël! "
4. Alors Anne, malgré son désespoir, ôta ses habits de deuil, se lava la tête et revêtit la robe de ses noces. Et vers la neuvième heure, elle descendit se promener dans son jardin. Elle vit un laurier et s'assit à son ombre. Après un moment de repos, elle invoqua le Maître: " Dieu de mes pères, dit-elle, bénis-moi, exauce ma prière, ainsi que tu as béni Sarah, notre mère, et lui as donné son fils Isaac. "

3.1. Levant les yeux au ciel, elle aperçut un nid de passereaux dans le laurier. Aussitôt elle se remit à gémir: " Las, disait-elle, qui m'a engendrée et de quel sein suis-je sortie? Je suis née, maudite devant les fils d'Israël. On m'a insultée, raillée et chassée du temple du Seigneur mon Dieu. 2. Las, à qui se compare mon sort? Pas même aux oiseaux du ciel, car les oiseaux du ciel sont féconds devant ta face, Seigneur. Las, à qui se compare mon sort? Pas même aux animaux stupides, car les animaux stupides sont eux aussi féconds devant toi, Seigneur. Las, à quoi se compare mon sort? Non plus aux bêtes sauvages de la terre, car les bêtes sauvages de la terre sont fécondes devant ta face, Seigneur.
3. Las, à quoi se compare mon sort? A ces eaux non plus, car ces eaux sont tantôt calmes tantôt bondissantes, et leurs poissons te bénissent, Seigneur. Las, à qui se compare mon sort? Pas même à cette terre, car la terre produit des fruits en leur saison et te rend gloire, Seigneur. "
4.1. Et voici qu'un ange du Seigneur parut, disant: " Anne, Anne, le Seigneur Dieu a entendu ta prière. Tu concevras, tu enfanteras et l'on parlera de ta postérité dans la terre entière. "
Anne répondit: " Aussi vrai que vit le Seigneur Dieu, je ferai don de mon enfant, garçon ou fille, au Seigneur mon Dieu et il le servira tous les jours de sa vie. "
2. Et voici, deux messagers survinrent, qui lui dirent: " Joachim, ton mari, arrive avec ses troupeaux. Un ange du Seigneur est descendu auprès de lui, disant: " Joachim, Joachim, le Seigneur Dieu a exaucé ta prière. Descends d'ici. Voici que Anne ta femme a conçu (1) en son sein ".
3. Aussitôt Joachim est descendu, il a convoqué ses bergers, leur disant: " Apportez-moi ici dix agneaux sans tache ni défaut. Ces dix agneaux seront pour le Seigneur Dieu. Apportez-moi aussi douze veaux bien tendres et les douze veaux seront pour les prêtres et le Conseil des Anciens. Aussi cent chevreaux, et les cent chevreaux seront pour tout le peuple. "
4. Joachim arriva avec ses troupeaux. Anne l'attendait, aux portes de la ville (2). Dès qu'elle le vit paraître avec ses bêtes, elle courut vers lui, se suspendit à son cou et s'écria: " Maintenant je sais que le Seigneur Dieu m'a comblée de bénédictions! Voici: la veuve n'est plus veuve et la stérile a conçu (3)! " Et Joachim, ce premier jour, resta chez lui à se reposer.

5.1. Le lendemain, il apportait ses offrandes: " Si le Seigneur Dieu m'a été favorable, pensait-il, la lame d'or du prêtre me le révélera 1. " Il présenta ses offrandes, et scruta la tiare du prêtre quand celui-ci monta à l'autel du Seigneur; et il sut qu'il n'y avait pas de faute en lui. " Maintenant, dit-il, je sais que le Seigneur Dieu m'a fait grâce et m'a remis tous mes péchés. " Et il descendit du temple du Seigneur, justifié, et rentra chez lui.
2. Six mois environ s'écoulèrent; le septième, Anne enfanta. " Qu'ai-je mis au monde? " demanda-t-elle à la sage-femme. Et celle-ci répondit: " Une fille. "Et Anne dit: " Mon âme a été exaltée en ce jour! "Et elle coucha l'enfant.
Quand les jours furent accomplis, Anne se purifia, donna le sein à l'enfant et l'appela du nom de Marie.

Notes :
1. Ou: " concevra ", les manuscrits hésitent. Le passé rend la conception de Marie miraculeuse comme celle de Jésus, puisque effectuée en l'absence de Joachim.
2. Elle le rencontra, précise l'évangile du Pseudo-Matthieu, à la " Porte dorée" : l'art médiéval fera la part belle à cette scène.
3. Même remarque qu'à la note 1. " (Evangiles apocryphes - Réunis et présentés par France Quéré - Seuil 1983)

La lecture de ce texte ne permet pas de comprendre en quoi la conception de Marie est immaculée. Il y a un parallèle évident avec l'histoire d'Abraham et de Sara. La stérilité d'Anne est vaincue. Mais la naissance de Marie, environ sept mois après les "retrouvailles" de Joachim et d'Anne aux portes de la ville, peut laisser penser que la conception de Marie s'est faite naturellement avant le départ de Joachim.

Ce n'est pas le seul texte apocryphe sur Marie. Il existe aussi, notamment, l' "évangile du pseudo-Matthieu" ou "La nativité de Marie" ajouté par "Matthieu" à son Evangile (selon Jérôme. En voici un court extrait :

"La nativité de Marie"

" Jérôme, aux évêques Chromace et Héliodore.
"Vous me demandez de vous faire savoir ce que je pense d'un petit livre que d'aucuns possèdent sur la nativité de sainte Marie. Sachez donc qu'on y trouve beaucoup, de faussetés. En effet, un certain Seleucus, auteur des Passions des apôtres, a également composé ce petit livre-ci. Mais, de même qu'il a dit vrai au sujet de leurs prodiges et des miracles qu'ils ont effectués, tout en proférant de nombreux mensonges au sujet de leur doctrine, de même il a beaucoup inventé ici de manière non véridique. Aussi m'efforcerai-je de traduire mot à mot, d'après ce qui se trouve en hébreu, puisqu'il est clair que le saint évangéliste Matthieu a composé ce même petit livre et qu'il l'a, ajouté, scellé par des caractères hébraïques, en tête de son Evangile."

" Mais, alors qu'il y séjournait depuis un certain temps, un jour où il était seul, un ange du Seigneur lui apparut dans une immense lumière. Comme il était troublé devant cette vision, l'ange qui lui était apparu apaisa sa peur en disant : " Ne crains pas, Joachim, ne sois pas troublé par ma vue. Je suis en effet un ange que le Seigneur t'envoie pour t'annoncer que tes prières sont exaucées et que tes aumônes sont montées devant lui. […] Aussi ta femme Anne enfantera-t-elle pour toi une fille, et tu lui donneras le nom de Marie. Elle sera consacrée au Seigneur dès son enfance, comme vous l'avez promis, et elle sera remplie du Saint-Esprit dès le sein de sa mère. Elle ne mangera ni ne boira rien d'impur, et elle ne vivra pas parmi le peuple, au-dehors, mais dans le Temple du Seigneur, pour qu'on ne puisse rien ni dire ni même soupçonner de méchant à son sujet. Et avec le progrès de l'âge, de même qu'elle naîtra de façon miraculeuse d'une femme stérile, de même, vierge, elle engendrera de façon incomparable le fils du Très-Haut, qui sera appelé Jésus : son nom indique qu'il sera le sauveur de toutes les nations. ? Et voici le signe de ce que je t'annonce : quand tu arriveras à la porte Dorée de Jérusalem, tu rencontreras ta femme Anne, qui, pour l'instant pleine d'inquiétude à cause du retard de ton retour, se réjouira alors à ta vue. " Sur ces mots, l'ange le quitta.
Ensuite, il apparut également à sa femme Anne en disant : " Ne crains pas, Anne, ne pense pas que c'est un fantôme que tu vois. Je suis en effet cet ange qui a présenté vos prières et vos aumônes devant le Seigneur. Et maintenant je suis envoyé vers vous pour vous annoncer qu'il vous naîtra une fille, du nom de Marie, qui sera bénie pardessus toutes les femmes. Pleine de la grâce du Seigneur dès sa naissance, elle passera les trois années de son allaitement dans la maison paternelle. Ensuite, consacrée au service du Seigneur, elle ne quittera pas le Temple jusqu'à l'âge de raison ; servant là Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière, elle s'abstiendra de tout ce qui est impur. Elle ne connaîtra jamais d'homme, mais seule, sans exemple, sans souillure, sans corruption, sans union avec un homme, vierge elle engendrera un fils, servante elle engendrera le Seigneur, éminente à la fois par son nom et par son oeuvre elle engendrera le sauveur du monde. Lève-toi donc et monte à Jérusalem et, quand tu arriveras à la porte que l'on appelle Dorée parce qu'elle est ornée d'or, tu rencontreras là, et ce sera le signe, ton mari pour le salut duquel tu t'inquiètes. Lorsque tout cela se sera donc passé ainsi, sache que ce que je t'annonce va se réaliser indubitablement. "
Ainsi, selon la prescription de l'ange, ils partirent tous les deux du lieu où ils se trouvaient et montèrent à Jérusalem. Et, lorsqu'ils arrivèrent au lieu désigné par la prophétie angélique, ils allèrent à la rencontre l'un de l'autre. Heureux de se revoir et rassurés par la certitude de l'enfant promise, ils rendirent dûment grâce au Seigneur, qui élève les humbles. Ensuite, après avoir adoré le Seigneur, ils retournèrent à la maison et attendirent la promesse divine avec certitude et allégresse. Aussi Anne conçut-elle et enfanta-t-elle une fille et, selon l'ordre angélique, les parents lui donnèrent le nom de Marie.
Et, lorsque le cycle des trois ans se fut déroulé, et que le temps de l'allaitement fut terminé, ils conduisirent la Vierge avec des offrandes au Temple du Seigneur [...] "
(Site Internet http://perso.wanadoo.fr/catholicus/Apocryphes/Apocryphe3.html)

Lien : évangile du pseudo-Matthieu

http://perso.wanadoo.fr/philippe.harambat/saintefamille/anne/pseudomatthieu.htm

Marie restera "vierge" et "sans souillure"; mais on ne sait pas bien encore en quoi consiste son Immaculée Conception. Que se soit de "Jacques" ou de "Matthieu", on peut tout de même constater que, dans l'ensemble, leurs récits de "La nativité de Marie" sont très voisins.

 

 

UN EVENEMENT, BIEN CONNU PAR NOUS, FRANÇAIS, EST CELUI DES APPARITIONS A LOURDES

Dans son livre "Lourdes, récit authentique des apparitions", le père René Laurentin nous permet, à partir du récit de l'interrogatoire de la petite Bernadette Soubirous, de saisir l'innocence qui la caractérise.


Dimanche 21 février 1858

" [Le commissaire interroge Bernadette]:
- Tu t'appelles?
- Bernadette.
- Bernadette comment?
Elle hésite un instant. Est-ce " Boly " qu'il faut dire? ou bien..
- ... Soubirous!
- Ton père?
- François
- Ta mère?
- Louise.
- Louise comment?
- Soubirous..
- Non, je te demande le nom d'avant, son nom de jeune fille.
Elle hésite un moment, puis avec l'empressement de l'écolière qui a trouvé:
- Castérot.
- Ton âge?
- 13... ou 14 ans. - C'est 13 ou 14 ? - Je ne sais pas. - Tu sais lire... écrire?
- Non, monsieur.
- Tu ne vas pas à l'école?
- Pas souvent.
- Que fais-tu donc?
- Je garde les petits frères.
- Tu vas au catéchisme?
- Oui, monsieur.
- Tu as fait ta communion?
- Non, monsieur.
- ... Et alors, Bernadette, tu vois la Sainte Vierge?
- Je ne dis pas que j'ai vu la Sainte Vierge.

- Ah bon! tu n'as rien vu! (Le problème serait-il supprimé par la racine? ),
- Si quelque chose, j'ai vu!
- Alors qu'as-tu vu ?
- Quelque chose de blanc
- C'est quelque chose ou quelqu'un?
- Cela (Aqueró) a la forme d'une petite fille.
- Et cela ne t'a pas dit : Je suis la Sainte Vierge?
- Cela ne me l'a pas dit.
" (page 80)

Bernadette ne voit pas la Vierge Marie, elle voit " Quelque chose de blanc " qui " a la forme d'une petite fille ". Qui est donc cette petite fille ?

" Jeudi 25 mars 1858

Seizième apparition


Une heure sonne... de nombreux coups. On n'est pas encore au matin. Elle se rendort confiante.
Mais, avant quatre heures, elle est réveillée, s'habille à tâtons dans la nuit, et guette les premiers symptômes du réveil familial...

- Il faut que j'aille à la Grotte. Dépêchez-vous si vous voulez m'accompagner.
- Mais, voyons, cela te ferait du mal... Tu n'es pas assez malade comme cela!
- Je suis guérie maintenant.
- Attends ce soir qu'il fasse soleil!
- Non, il faut que j'y aille, et vite...

La permission est accordée. Un peu avant cinq heures, elle est sur le chemin de la Grotte. Il fait encore nuit. Cette fois-ci, personne de prévenu; on va être tranquille, pense-t-on.


Surprise! Le bruit qui courait depuis une semaine a drainé quelques dizaines de personnes. Le commissaire est là, à qui nul bruit n'échappe, vrai ou faux […] Le groupe de fervents qui se presse autour de Bernadette trouve sa part de joie. A la lueur des cierges sur laquelle, insensiblement l'aube naissante l'emporte, le visage de la petite fille a repris sa pâleur, son sourire d'un autre monde.
Mais voici qu'à la fin du chapelet, la voyante paraît déçue, hésitante. Son visage semble se ternir... Enfin, elle s'avance à l'intérieur de la Grotte - sous la fameuse cavité.
Aqueró lui a fait signe et Bernadette la retrouve: plus bas, plus près, à toucher les gens qui sont là, à frôler cette statuette qu'on a installée depuis deux jours, sur une pierre, dans " une niche en fil de fer, ornée de mousse et de fleurs ". Elle prend confiance. Depuis que l'attrait s'est manifesté, son grand souci, c'est cette réponse à obtenir, pour M. le Curé. Pendant les apparitions, elle oublie tout le reste. Va-t-elle y penser? Osera-t-elle insister encore, en dépit du sourire désarmant d'Aqueró?
Là, sous la cavité, tout devient plus facile. Et puis l'usage n'est-il pas établi entre elles, qu'après la prière et la contemplation devant la Grotte, ce lieu est celui de l'échange, des confidences? Il y a quelques instants encore, impossible de parler. Maintenant que la " demoiselle " a réduit elle-même les distances, Bernadette ose.

Le nom d'Aqueró.


Durant les trois semaines d'absence, elle a tourné et retourné dans sa tête une belle phrase, cérémonieuse comme une révérence, qu'on lui a en partie conseillée:

- Mademisello, boulet aoué la bountat de me disé que es s'il bou plait?
- Mademoiselle, voulez-vous avoir la bonté de me dire qui vous êtes, s'il vous plaît?

Mais la " belle phrase " est trop compliquée. Bernadette s'embrouille, trébuche, et dit volonté (boulentat) au lieu de bonté (bountat) : deux mots qu'elle ne sait pas bien distinguer. Le plus long lui a paru le plus poli. La " demoiselle" de lumière sourit encore. Se moquerait-elle comme dit M. le Curé? Non... il y a tant de gentillesse et de bonté dans son regard. Il faut recommencer:

- Boulet aoué la boulentat de disé...

Aqueró sourit de plus belle. Elle rit, mais Bernadette ne lâchera pas cette fois. Elle supplie encore:

- Boulet aoué la boulentat...!

Silence toujours... Mais notre Bigourdane est décidée; rien ne l'arrêtera plus. Elle répétera dix fois s'il faut... puisque la " demoiselle " ne se fâche pas.
Pas besoin d'aller jusque-là. A la quatrième fois, Aquero ne rit plus. Elle vient de passer son chapelet au bras droit. Ses mains jointes s'écartent, s'étendent vers la terre. De ce geste si simple, une majesté rayonne: sa silhouette de petite fille en prend une sorte de grandeur; sa jeunesse, un poids d'éternité. D'un même mouvement, elle joint maintenant les mains à la hauteur de la poitrine, lève les yeux au ciel et dit:

- Que soy era Immaculada Councepciou.

Il y a près d'une heure que l'apparition est commencée. Les couleurs reviennent sur le visage de Bernadette. Dans la blancheur du jour levant, elle se relève, joyeuse, débordante d'action de grâces, en deçà de toute réflexion. […]

Chez M. le Curé.

Pendant ce temps, Bernadette a gravi la rue du Baous, traversé la place du Porche, enfilé l'impasse. La voilà dans l'escalier qui monte à la maison Lavigne, énorme et carrée sous son haut toit mansardé... Rassurée, maintenant qu'elle tient ferme les deux mots qui avaient failli lui échapper, elle est de plus en plus intriguée, un peu déçue, elle aussi. Comme tout le monde, elle aurait tant aimé croire que c'était la Sainte Vierge, cette merveilleuse Apparition... Qu'est-ce que c'est donc que cette " Counchetsiou " ? Elle pousse la porte, jette sa commission à la tête de M. le Curé,
d'un coup, presque à tue-tête:

- Que soy era Immaculada Counchetsiou!

Le rocher Peyramale vacille sous le choc, dont il mesure mal la portée. La colère qui, dans les cas difficiles, accompagne chez lui l'exercice de l'autorité, commence à fonctionner comme un réflexe bien monté. Il est pour dire: " Tu es l'Immaculée Conception! " ou " Petite orgueilleuse! " Mais les mots s'encombrent en route, et se coincent. D'ailleurs, Bernadette, qui vient de mesurer l'abrupt de son propos, reprend avec assurance:

- Aqueró a dit: Que soy era Immaculada Counchetsiou!
Cette fois, M. le Curé s'est repris. Les mots sortent, drus et bourrus.
- Une dame ne peut pas porter ce nom-là!

Il bat le rappel de sa théologie, les articles lus il y a quatre ans, lors de la définition du dogme, ses sermons du 8 décembre : voyons, la Vierge est conçue sans péché... sa conception est immaculée... mais comment peut-on dire qu'elle est sa conception?

Il attaque:
- Tu me trompes! Tu sais ce que ça veut dire?
Bernadette remue la tête piteusement.
- Alors, comment peux-tu dire, si tu n'as pas compris?
- J'ai répété tout le long du chemin.
" (pages 224-226)


En ce Jeudi 25 mars 1858, fête de l'annonciation faite à Marie par l'ange Gabriel, une nouvelle annonce se fait entendre. L'apparition se nomme en patois local : "Que soy era Immaculada Councepciou" ("Je suis l'Immaculée Conception").

Les miracles de Lourdes sont là pour nous inciter à considérer avec attention ce message. 4 ans après la promulgation du dogme, en voici une attestation éclatante.On en sait maintenant un peu plus sur l'Immaculée Conception de la Vierge Marie. Elle remonte à l'aube de la chrétienté et l'apparition lumineuse à Lourdes d'une "petite fille" qui s'appelle "Immaculée Conception" l'atteste au niveau mondial !


 

Sainte Bernadette Soubirous. Depuis plus d'un siècle, son corps est toujours intact. Elle repose à Nevers + 1879.

Lien : www.lourdes-france.org

Néanmoins, on n'en sait pas beaucoup plus sur le comment ?

 

Que nous dévoile Anne Catherine Emmerich ?

Au fil des centaines de pages relatant ses visions, Anne Catherine Emmerich (1774-1824), mystique stigmatisée, dévoile en toute simplicité les évènements qui jalonnent la vie de Jésus-Christ et de ses contemporains, comme de ses parents. Elle donne beaucoup de détails inconnus jusque-là.

Rencontre de Joachim et de l'ange dans le temple

" Tout à coup deux prêtres, poussés comme par une inspiration divine, se rendent auprès de Joachim dans le parvis, et l'amènent à l'autel d'or des parfums. Le prêtre chargé du sacrifice place de nouveau l'encens sur l'autel. La fumée s'en élève, répandant la plus suave odeur devant le voile du Saint des saints. Le prêtre quitte alors le tabernacle, et Joachim reste seul.
Pendant que l'encens se consume, Joachim se tient agenouillé les bras étendus et dans l'extase. Bientôt une forme éclatante se montre ; un ange descend auprès de lui, semblable à celui qui vint plus tard annoncer à Zacharie la naissance du Précurseur. II présente à Joachim une feuille sur laquelle se lisent les noms d'Hélia, d'Anna et de Miriam ; une forme d'arche ou de tabernacle parait à côté du dernier de ces noms. L'ange dépose cet écrit sur la poitrine de Joachim, lui dit que la stérilité de son mariage n'est pas sa honte, mais sa gloire, car sa femme va concevoir le fruit immaculé de la bénédiction que Dieu a répandue sur lui, le couronnement de la bénédiction d'Abraham.
Joachim ne pouvait comprendre toutes ces choses. L'ange le conduit alors derrière le voile du Saint des saints ; il en retire une sorte de globe ou cercle lumineux qu'il lui présente, et lui ordonne de souffler dessus et d'y regarder. Au souffle de Joachim plusieurs images parurent dans le cercle lumineux, sans que son haleine l'eût terni. " Aussi pure que ce globe sous ton haleine, lui dit l'ange, sera la conception d'Anne ton épouse ". Cependant l'ange éleva dans l'air le globe lumineux. J'y vis, par une ouverture, toute la suite de la religion, depuis la chute de l'homme jusqu'à sa rédemption. Tout s'y produisait par une série d'images où les choses naissaient les unes des autres. Au sommet trônait la très sainte Trinité; au-dessous se montraient le paradis, Adam et Ève, la chute de l'homme, la promesse de la rédemption avec toutes ses figures et ses symboles: Noé, le déluge, l'arche, la bénédiction donnée à Abraham, la transmission de cette bénédiction à Isaac, et puis d'Isaac à Jacob. Je vis comment cette bénédiction fut augmentée en Jacob par sa lutte avec l'ange, comment elle passa de Jacob à Joseph, comment l'objet sacré qui en assurait la transmission fut emporté d'Égypte par Moïse et devint le Saint des saints de l'arche d'alliance, le siége du Dieu vivant au milieu de son peuple ; enfin j'aperçus tous les types et les symboles de Marie et du Sauveur, toute la suite de l'histoire du peuple de Dieu, convergeant et contribuant au développement de la race sainte et de la lignée de Marie […] Enfin l'ange reconduisit Joachim dans le saint, et disparut. Lorsque les prêtres rentrèrent, ils le trouvèrent couché par terre sans connaissance, mais la face toute rayonnante de joie. Ils le relevèrent avec respect, le portèrent dans le parvis, et le placèrent sur un siége où les prêtres seuls avaient coutume de s'asseoir. On lui lava le visage et on lui fit prendre un breuvage fortifiant, et, revenu à lui, il parut comme animé d'une nouvelle jeunesse, plus fort et plus beau que jamais.

Rencontre de Joachim et d'Anne sous la porte Dorée.

C'était sur un avis du Ciel que Joachim avait été introduit dans le sanctuaire. Ce fut encore par une inspiration divine qu'on le conduisit dans un passage consacré et souterrain qui aboutissait à la porte Dorée. Ce passage servait quelquefois à des personnes qui venaient demander la bénédiction au sujet d'une union stérile. Il servait aussi pour des purifications, des absolutions, des expiations et autres rites ou pratiques de ce genre. Anne était aussi arrivée au temple avec sa servante, qui portait dans des corbeilles à jour, les colombes à offrir. Elle remit son offrande à un prêtre auquel elle fit part de l'apparition de l'ange, et de l'ordre qu'il lui avait donné d'aller trouver son mari sous la porte Dorée. Alors d'autres prêtres et plusieurs femmes vénérables, dont une prophétesse (la prophétesse Anne peut-être), la conduisirent à une autre entrée du même passage consacré, puis s'éloignèrent et la laissèrent seule. Les murs du passage brillaient d'un reflet vert et or; une lumière rougeâtre y pénétrait d'en haut et laissait voir de belles colonnes, pareilles à des arbres et à des ceps de vigne entourés de guirlandes,
Une de ces colonnes s'élevait comme une tige de palmier, avec des branches pendantes ornées de fleurs. Ce fut là que Joachim fit la rencontre d'Anne, toute rayonnante de joie. Ils s'embrassèrent dans un mouvement de sainte allégresse, et se firent part de leur commun bonheur. Cette lumière rayonnait sur eux du sein d'une troupe nombreuse d'anges, planant sur leurs têtes et portant une haute tour toute resplendissante, semblable à la tour de David ou à la tour d'ivoire. Puis cette tour disparut, et une immense auréole vint couronner Anne et Joachim.
Il fut alors montré que la conception de Marie avait été aussi pure, par la grâce, que l'eût été, sans la chute originelle, toute conception humaine. Dans le même temps, j'eus aussi une autre vision dont il m'est impossible de faire comprendre la grandeur. Le ciel s'ouvrit au-dessus des deux époux, et je vis la joie au sein de la Trinité et dans les rangs des anges, et nul d'entre eux ne restait étranger à cette bénédiction mystérieuse.
Cependant Anne et Joachim s'éloignèrent en louant Dieu, et arrivèrent à une sortie située non loin de la porte Dorée. Là des prêtres les accueillirent et les conduisirent hors de l'enceinte du temple.
Joachim ne fut pas plutôt de retour à Nazareth qu'il fit un festin de réjouissance; il offrit son pain à des pauvres sans nombre, et répandit partout les plus abondantes aumônes. Les deux époux étaient tout entiers à leur joie, pleins de reconnaissance envers Dieu et du souvenir de ses miséricordes. Je les vis souvent prier, et toujours les larmes se mêlaient à leurs prières. J'appris que la sainte Vierge fut engendrée dans une pureté parfaite et sous l'unique impulsion de la sainte obéissance; dans la ferveur qui les animait, sans un ordre envoyé d'en haut, ils eussent gardé une inviolable continence. Je compris en même temps quelle immense influence la pureté, la chasteté, la réserve des parents, germes de mauvaises passions détourne du fruit conçu la continence des époux après la conception. Je vis toujours dans l'incontinence et dans l'excès la racine de la difformité et du péché. " (VNSJC I p 24-30)


Ce récit est très proche de ce qu'on lit dans "le Protévangile de Jacques" , non pas dans le détail, mais dans l'esprit. Toute la partie de la vision concernant la stérilité d'Anne et le désespoir du couple qui conduisit Joachim à s'éloigner de sa femme n'est pas développée ici. Le récit de la vision débute par l'offrande de Joachim au temple puis s'achève par le récit de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie et de la fête qui suivit.

Enfin le mystère est dévoilé : " Il fut alors montré que la conception de Marie avait été aussi pure, par la grâce, que l'eût été, sans la chute originelle, toute conception humaine. "
Avec la conception de Marie, l'Humanité retrouve le mode de conception, tel que prévu par Dieu avant le péché originel.

"Je vis qu'Eve avait déjà péché lorsque le serpent était dans l'Arbre, car elle lui avait remis sa volonté. Je compris à ce sujet quelque chose que je suis incapable d'exprimer en paroles: c'était comme si le serpent représentait la forme, le symbole de leur volonté, comme celui d'un être par lequel ils pouvaient tout faire et tout atteindre. Et Satan se glissa en cela.

Le péché ne se trouva pas accompli par le seul usage du fruit défendu; ce fruit renferme en soi la faculté d'une reproduction tout arbitraire, reproduction dans l'ordre des sens, qui sépare de Dieu: il est le fruit de cet arbre qui plonge ses branches dans la terre pour se reproduire en poussant ainsi de nouveaux surgeons, ceux-ci se multipliant à leur tour de la même façon, même après la chute. Aussi, ayant consommé ce fruit dans la désobéissance, l'homme se sépara de Dieu, et la concupiscence s'implanta en lui, et par lui dans toute la nature humaine. Cette usurpation des propriétés du fruit eut en l'homme, qui voulut ainsi satisfaire son désir propre, de funestes conséquences: la division, la déchéance de la nature, le péché et la mort.
Après la création d'Eve, Dieu avait accordé à Adam une bénédiction porteuse d'une faculté permettant à l'homme de se reproduire dans la sainteté et la pureté (2) ; cette bénédiction fut retirée à Adam à cause de l'usage qu'il fit du fruit défendu, car je vis le Seigneur passer derrière Adam lorsque celui-ci quitta sa colline pour rejoindre Eve et lui retirer quelque chose ; et il me sembla que le Salut du monde devait sortir de ce que Dieu avait repris à Adam […]

Note 2. L'union charnelle ne constitue nullement le péché originel qui, ainsi que le souligne Anne-Catherine Emmerich, est avant tout désobéissance et faute dans l'ordre spirituel. La forme actuelle de la reproduction n'est qu'une conséquence du péché originel. (NdT) " (Les mystères de l'ancienne Alliance p34-35)


Le récit de la vision d'Anne Catherine Emmerich confirme par ailleurs le dessein initial de Dieu quant au mode de conception pour l'Humanité. L'Homme créé à l'image de Dieu avant le péché originel se transforme et modifie sa faculté de conception. De sainte et pure elle devient concupiscente et sensuelle.

On sait maintenant ce qu'a été la Conception Immaculée de Marie.

Anne Catherine Emmerich s'est éteinte en 1824, 30 ans avant la promulgation du dogme de l'Immaculée Conception par le pape Pie IX.

Mais pourquoi Joachim et Anne ont conçu Marie ainsi ?
Quel était le dessein de Dieu ?

Réponse dans "
L'Arche d'Alliance, à quoi ressemblait-elle et qu'est-elle devenue? "

 

 

 

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Thomas Wegener (1900)

" Et moi je suis morte, je ne suis qu'un esprit; autrement je ne pourrais voir ces choses, car elles n'existent pas maintenant, et cependant maintenant elles existent. Mais cela n'existe pas dans le temps; en Dieu il n'y a pas de temps, en Dieu tout est présent ; je suis morte, je suis un esprit. " (Anne Catherine Emmerich)

 

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