QUI ETAIT ANNE CATHERINE EMMERICH ?

La plus grande visionnaire de tous les temps

 

Quelle forme avait la croix du Christ ?

 

"C'est là qu'ils le crucifièrent, ainsi que deux autres avec lui, un de chaque côté et Jésus au milieu." JEAN 19:18 (Osty)

Les Evangiles donnent en fait peu de détails sur le déroulement de la crucifixion.
L'imagination prend donc le relais.

L'œuvre artistique religieuse est très variée.
Chaque sensibilité y est manifestée. Il n'y a pas d'uniformité.
De nombreux artistes ont tout de même imposé une vision de la forme de la croix admise par tous.

Mais était-elle fondée sur une base solide?

Rubens, la Crucifixion (Musée de Bruxelles)

 

 

UN SIMPLE POTEAU ?

Pour qui est familier des enseignements des Témoins de Jéhovah, la forme de leur croix est inattendue ! La croix fait place à un simple poteau ! Pourquoi ?

MATTHIEU 27:33-35 "Lorsqu'ils arrivèrent au lieu appelé Golgotha, c'est à dire Lieu du Crâne, ils lui donnèrent à boire un vin mêlé de fiel [...] Quand ils l'eurent attaché sur un poteau, ils distribuèrent ses vêtements [...]" (traduction du Monde Nouveau 1987)

"Pourquoi les publications de la Watch Tower représentent-elles Jésus sur un poteau, avec les mains au-dessus de la tête, plutôt que sur la croix traditionnelle?" (p 77)

Stauros:
"Le mot grec rendu par 'croix' dans de nombreuses traductions modernes de la Bible [...] est 'stauros'. En grec classique, ce terme désignait simplement un poteau dressé, ou pieu. Plus tard, il est venu à s'appliquer aussi à un poteau d'exécution muni d'une barre transversale." (p 77)

"J. Parsons a écrit ce qui suit: 'Dans le grec original, pas un seul des nombreux livres du Nouveau Testament ne contient la moindre phrase prouvant même indirectement que le stauros utilisé pour Jésus était autre chose qu'un stauros ordinaire; rien ne prouve, à plus forte raison, qu'il se composait non pas d'une, mais de deux pièces de bois clouées ensemble en forme de croix. Ce n'est pas chose insignifiante que nos instructeurs nous trompent lorsque, traduisant les textes grecs de l'Eglise dans notre langue maternelle, ils rendent le mot stauros par 'croix' [...]" (p 78)

Xulon:

"On notera avec intérêt que les Ecritures [...] désignent parfois (l'instrument utilisé pour l'exécution du Fils de Dieu) par le mot 'xulon', qu'un lexique grec-anglais (Greek-English Lexicon de Liddell et Scott) définit ainsi: 'Bois coupé et prêt à être utilisé, bois de chauffage [...] poutre, pieu [...] gourdin, bâton, [...] poteau sur lequel les criminels étaient empalés, [...] bois sur pied, arbre.' Il ajoute 'dans le NT, croix' et cite l'exemple d'Actes 5:30 et 70:39 [...] Toutefois (de nombreuses traductions) traduisent 'xulon' par 'bois' [...] " (p 77)

Crux:
"Même chez les Romains, la 'crux' (dont dérive notre croix) devait être à l'origine un poteau droit. " (p 77)

Extraits de "Comment raisonner à partir des Ecritures" Watchtower Bible and tract society of New-York, inc. 1985

 

Les Témoins de Jéhovah, en dépit du contexte doctrinal, désireux de respecter le vocabulaire grec utilisé dans le Nouveau Testament, ont le mérite de nous interroger sur la forme exacte de l'instrument utilisé pour le supplice de Jésus-Christ.


Et si cette croix que nous trouvons dans toutes les Eglises n'avait pas eu, en réalité, la forme que nous avons l'habitude de voir?

Bien sûr, nous écarterons cette proposition humoristique qui illustre la question :


 

 

QUELLES SONT LES ORIGINES HISTORIQUES DE LA CROIX ?

"Le crucifiement était un moyen d'exécution courant dans le monde antique. Il était pratiqué dans l'Empire grec dès le IV ème siècle av. J-C. et des sources romaines en font mention vers l'an 200 av.J-C.
Les romains introduisirent le crucifiement en Palestine au 1 er siècle av.J-C.: le gouverneur romain de Syrie fit crucifier 2000 juifs en 4 av.J-C. On sait d'après les manuscrits de la mer Morte, que certains juifs crucifiaient leurs condamnés à mort. Le rouleau du Temple (11 QT) en fait une partie de la législation d'alliance de Moïse [...] Pour les Juifs, le crucifiement était particulièrement horrible: 'Le pendu est une malédiction de Dieu' (Dt 21,23). Ce passage faisait initialement allusion aux criminels pendus à un arbre, mais, au 1er siècle apr. J-C., il fut aussi appliqué aux crucifiés, comme Paul en témoigne dans sa lettre aux Galates 3,13 [...]
Il existait plusieurs types de crucifiement. Les condamnés pouvaient être empalés ou pendus à un poteau de bois; en cas d'exécution en masse, on fixait des poutres sur un échafaudage de planches de bois. Les suppliciés étaient liés et cloués avec leurs mains étendues au-dessus de la tête; ils étaient parfois crucifiés la tête en bas. Lorsqu'ils étaient crucifiés en position debout, la poutre était fixée sur le haut du poteau formant un T, ou bien plus bas, formant une croix classique. Les pieds des condamnés crucifiés ne s'élevaient pas à plus de 30 cm du sol [...] Parfois une petite barre de bois était fixée sur le poteau pour que le crucifié puisse s'y asseoir et mieux respirer [...] En 1968 (une découverte d'ossements) suggère que [les] pieds étaient cloués de chaque côté du poteau vertical."

Extrait de "Le grand livre de la Bible" John Bowker Larousse-Bordas / Cerf 1999

Les formes historiques des croix sont tellement variées que de nombreuses possibilités s'offrent à nous. Poteau, croix en T, croix classique, échafaudage, arbre...

Scientifiquement, il est vain de trouver de manière certaine une forme à la croix de Jésus-Christ. La forme de l'instrument de ce supplice a trop variée au fil des siècles et au gré de l'imagination des bourreaux.

Voici quelques commentaires supplémentaires qui illustrent parfaitement le supplice de la croix.

"Ce supplice de la croix, que la caste sacerdotale a suggéré à Pilate, ce sont les Romains qui en ont généralisé l'usage. D'autres l'avaient inventé, les Perses peut-être. L'empire en a fait la peine réservée aux révoltés ayant raté leur coup, à condition qu'ils ne fussent pas citoyens romains: elle eût été trop infamante pour eux. Au siècle précédant celui de Jésus, six mille esclaves parmi ceux qui s'étaient révoltés sous les ordres de Spartacus et avaient plusieurs fois vaincu les légions romaines furent ainsi crucifiés, formant une immense haie de douleur et d'opprobre sur la route de Capoue à Rome.
La mort par crucifixion était atroce, le plus terrible et le plus cruel des châtiments, dit Cicéron 4. On plantait un pieu dans le sol et quand le supplicié arrivait, portant une autre pièce de bois, le patibulum, on la fixait avec lui sur le pieu, pour former le plus souvent un T. Les condamnés étaient d'ordinaire attachés avec des cordes. Mais on utilisait aussi des clous. On a retrouvé près de Jérusalem les ossements d'un homme crucifié à l'époque de Jésus dont les pieds, posés l'un sur l'autre étaient attachés au bois (au pieu, car il n'exista pas de support pour les pieds avant le IIIe siècle) d'un seul clou 5.
La victime était ainsi maintenue au bord de la suffocation, tentait de reprendre souffle en s'appuyant sur les pieds - ce qui la blessait un peu plus - ou sur une sorte de sellette inclinée qui soutenait un peu les fesses et en même temps les coupait, la sedula. Elle mourait, non en raison des hémorragies causées par les clous plantés dans les avant-bras et les pieds, mais d'étouffement et d'épuisement. Et si elle survivait trop longtemps, les Romains lui brisaient les tibias, ce qui lui interdisait définitivement de prendre appui sur les pieds.


Sur le pieu auquel on allait attacher Jésus, Pilate avait fait apposer une plaquette de bois portant le motif de la condamnation, le titulus, comme il était de règle. Elle était, précise Jean, rédigée " en hébreu, en latin et en grec" et portait ces mots, par dérision: "Jésus de Nazareth Roi des Juifs", en latin: " lesu Nazaretius Rex ludeorum ", INRI […]


Les croix, contrairement à ce que l'on pense d'ordinaire, sont assez basses. Elles émergent à peine d'une foule disparate où se mêlent badauds et adversaires acharnés, pèlerins arrivant de la côte (le Golgotha est au bord de la route qui y mène) et une poignée de fidèles. Des femmes seulement semblent avoir eu ce courage. Aucun des textes ne cite un seul disciple. Sauf Jean, lequel indique la présence de " celui que Jésus aimait " et de Marie, mère de Jésus."

Extraits de "Jésus" Jacques Duquesne Ed. Flammarion / Desclée de Brouwer 1994


Le décor historique étant planté, comment allons-nous répondre à notre question ?

Il nous est souvent proposé une forme de croix en T. Est-ce possible ?


En fait, nous pouvons d'ores et déjà écarter la forme de croix en T qui nous est proposée par les archéologues.

La croix en T n'est pas une option dans le cas de Jésus-Christ. Elle ne répond pas au témoignage de l'évangéliste Saint Jean (qui aurait été le seul apôtre témoin direct de la crucifixion d'après la tradition). Il écrit :

" Pilate avait aussi rédigé un écriteau, qu'il fit placer au-dessus de la croix. Il [y] était écrit : Jésus le Nazôréen, le roi des Juifs. Cet écriteau donc, beaucoup de Juifs le lurent, parce que l'endroit où avait été crucifié Jésus était près de la ville, et que c'était écrit en hébreu, en latin, en grec. " (Jean 19 :19-20 Osty)

Si l'écriteau (le titulus) était au-dessus de la croix, il faut donc prolonger le montant vertical pour l'y fixer. La croix retrouve donc sa forme traditionnelle.

 

Anne Catherine Emmerich revivait les vendredis, en extase, la Passion du Christ dont elle en portait les stigmates. Elle en a ainsi fait le récit détaillé minute par minute. Bien sûr, beaucoup de faits sont ignorés du grand public.


Voici des extraits du récit qu'elle fait de la crucifixion.

LA CROIX

"Judas avait à peine reçu le prix de sa trahison, qu'un pharisien sortit et envoya sept esclaves chercher du bois pour préparer la croix dans le cas où le jugement aurait lieu; car le lendemain on ne pourrait la terminer avant le commencement de la Pâque.
La pièce principale de la croix avait été jadis un arbre de la vallée de Josaphat, planté prés du torrent de Cédron; plus tard l'arbre étant tombé en travers, servit de pont.
Lorsque Néhémie enfouit le feu sacré et les saints vases du temple dans l'étang de Béthesda, cet arbre fut jeté par-dessus avec d'autres pièces de bois; puis il en avait été retiré et mis de côté.
La croix fut préparée d'une manière toute particulière, soit par l'effet du hasard, soit parce qu'on voulait se moquer de Jésus, ce soi-disant roi; mais en réalité parce que Dieu voulait qu'il en fût ainsi." (Douloureuse Passion chap. V)

"[Après l'arrestation de Jésus] La mère de Jésus et ses compagnes s'approchèrent de la maison de Caïphe du côté opposé à l'entrée. Là, une nouvelle douleur les attendait: elles devaient traverser un endroit élevé où des esclaves, à la lueur des torches, travaillaient à la croix du Seigneur [...]
Les romains avaient déjà fait préparer les croix des deux larrons. Les ouvriers maudissaient Jésus, pour lequel ils devaient travailler la nuit; et chaque coup de hache, accompagné de leurs propos injurieux, perçait le cœur de la malheureuse mère [...]" (Douloureuse Passion chap. XII)

"La croix était un peu arrondie par derrière, aplatie pal devant, et on l'avait entaillée à certains endroits, sa largeur étalait à peu prés son épaisseur. Les différentes pièces qui la composaient étaient de bois de diverses couleurs, les unes brunes, les autres jaunâtres ; le tronc était plus foncé, comme du bois qui est resté longtemps dans l'eau."

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/CatherineEm/LaPassion/41lesdeu.html

Tout ce fait de manière précipitée. Tous sont "sur le pied de guerre" pour l'arrestation de Jésus. Déjà des mesures sont prises pour réaliser l'instrument de l'exécution. Tout devait être terminé avant la fête de la Pâque comme le rapporte l'évangéliste Marc.

"[…] les grands prêtres et les scribes cherchaient comment l'arrêter par ruse et le tuer. Car ils disaient : 'Pas pendant la fête, sinon il pourrait y avoir un tumulte du peuple'." (Marc 14:1-2 Osty)

En ce qui concerne l'épisode de Néhémie qui m'était inconnu, j'ai reçu l'aide de Francine par ce message: new

"Pour l'épisode de Néhémie, voici ce qui est écrit dans la Bible à propos du Feu sacré :

"On conservait dans le temple, sur l'autel des holocaustes, un feu perpétuel (Lev 6 :[6]), que les prêtres avaient soin d'entretenir, en y brûlant continuellement du bois. Lorsque Nabuchodonosor prit Jérusalem, le prophète Jérémie prit ce feu sacré et perpétuel (2Macc 1 : 19, 20), et accompagné de quelques autres prêtres, le cacha dans une citerne où il n'y avait point d'eau. Au retour de la captivité, Néhémie ayant envoyé les petits-fils des prêtres qui avaient caché ce feu, pour le chercher ; au lieu de feu, ils lui apportèrent de l'eau boueuse, et l'ayant répandue sur l'autel, il en sortit incontinent un feu très-clair, qui consuma les victimes qui y étaient.". "

Merci à Francine pour sa participation.


JÉSUS CONDAMNÉ A LA MORT DE LA CROIX

"Pilate alors abandonna Jésus à leur volonté, et se prépara à prononcer la sentence. Déjà les larrons avaient été condamnés au supplice de la croix [...] 'Je condamne Jésus de Nazareth, Roi des juifs, à être cloué à une croix' puis il ordonna aux archers d'apporter la croix. Il brisa, si je ne me trompe, un bâton et en jeta les morceaux aux pieds de Jésus [...]
Le jugement, dont on fit plusieurs copies, fut envoyé en différents lieux. Ensuite Pilate écrivit l'inscription de la croix en trois lignes sur une tablette de couleur foncée.
Les princes des prêtres étaient peu satisfaits de la rédaction du jugement; ils s'élevèrent aussi contre l'inscription de la croix [...] ils demandèrent à Pilate de supprimer l'inscription [...]
Mais Pilate n'écouta pas leur demande, et ils se virent contraints d'allonger la croix, en y adaptant un morceau de bois pour placer l'inscription. Ainsi, par suite de diverses circonstances, la croix reçut la forme symbolique sous laquelle je l'ai souvent contemplée. Les deux bras s'écartaient du tronc en s'élevant comme les branches d'un arbre, et la croix elle-même ressemblait à un Y dont le trait inférieur serait prolongé jusqu'à la hauteur des deux autres. Les deux bras étaient plus mince que le tronc dans lequel ils s'enfonçaient. Au pied de la croix, on avait assujetti un bloc de bois pour la soutenir [...]

Anne-Catherine Emmerich, pourtant fervente catholique, voit une croix différente. Etait-elle suggérée par la croix de sa ville de Coësfeld ou est-ce la forme exacte?

"J'ai souvent été informée, à propos de la sainte croix de Coesfeld, que Dieu a attaché à cet endroit, un pouvoir de résistance au mal comme à tous les lieux où l'on révère des objets sacrés du même genre. Mais ce qui opère des miracles, c'est la ferveur de la prière faite avec une grande confiance. Je vois souvent la croix révérée dans des processions spirituelles et je vois alors exaucés et préservés du mal ceux qui reçoivent avec confiance les grâces qui arrivent par elle : mais j'en vois d'autres enveloppés dans les ténèbres."
(http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/CatherineEm/Vie/Volume2/Chapitre8.htm)

D'après le " pèlerin " (rédacteur des visions), voici l'origine de la croix de Coësfeld : "Suivant la tradition, cette croix est venue de Palestine au VIII ème siècle et elle a la forme fourchue de celle qu'Anne Catherine Emmerich elle-même porte empreinte sur l'os de la poitrine."


JÉSUS EST DÉPOUILLÉ DE SES VETEMENTS ET ATTACHÉ A LA CROIX

"Dès que les saintes femmes aperçurent Jésus, elles donnèrent à un homme de l'argent avec le vase de vin aromatisé, pour obtenir des archers la permission de le faire boire au Seigneur; mais ces misérables, au lieu de le lui donner, le burent eux-mêmes. Ils avaient avec eux deux vases de couleur brune, l'un contenant du vinaigre, l'autre du vin mélangé de fiel. Ils lui présentèrent un verre de ce dernier breuvage, mais lorsqu'il y eut goûté, il ne voulu pas boire. Il y avait sur la plate-forme dix-huit bourreaux [...] C'étaient des étrangers petits et robustes, demi-nus, avec des cheveux hérissés, sorte de brutes qui servaient les Romains et les Juifs pour de l'argent [...] Les exécuteurs étaient des descendants de Cham [...]

Alors qu'on imagine facilement les soldats romains exécuter Jésus, en fait ce sont des bourreaux qui sont affectés à cette tâche. Sont-ils une composante de l'armée romaine ? Les soldats en armes, probablement, maintiennent l'ordre autour du lieu d'exécution.

" [...] ils le conduisent au lieu du 'Golgotha', ce qui veut dire: 'lieu du Crâne'. Et ils lui donnaient du vin à la myrrhe, mais il n'en prit pas." (Marc 15:21-23 Osty)

"C'est là qu'ils le crucifièrent, ainsi que deux autres avec lui, un de chaque côté et Jésus au milieu." (Jean 19:18 Osty)

Alors les bourreaux étendirent sur la croix Jésus, la douleur fait homme. Ayant levé son bras droit, ils appliquèrent sa main sur le trou pratiqué dans le bras de la croix, et l'y attachèrent fortement. L'un deux mit ensuite le genou sur sa poitrine sacrée, et maintint ouverte sa main, qui se fermait naturellement, tandis qu'un autre enfonça dans la paume de cette main, qui avait si souvent béni les hommes, un gros et long clou, à la pointe acérée, en frappant à coups redoublés avec un marteau de fer. Un cri plaintif, doux et clair, sortit de la bouche du Seigneur; son sang jaillit sur les bras des archers. j'ai compté les coups de marteau, mais mes souffrances me les ont fait oublier. Les clous étaient très longs; leur tête était plate et avait la largeur d'un écu. Ils étaient triangulaires et gros comme le pouce à leur partie supérieure; leur pointe dépassait un peu la croix par derrière. Lorsque les bourreaux eurent cloué la main droite, ils s'aperçurent que l'autre main ne pouvait arriver jusqu'au trou du bras gauche de la croix; alors ils attachèrent des cordes au bras gauche de Jésus, et, s'appuyant du pied contre la croix, ils le tirèrent jusqu'à ce que la main atteignit la place du clou. Ses bras étaient disloqués, sa poitrine soulevée, ses jambes retirées vers son corps. Puis ils mirent leurs genoux sur sa poitrine, attachèrent son bras gauche, et enfoncèrent le second clou dans sa main. Le sang jaillit, et le doux et touchant gémissement du Seigneur se fit encore entendre au milieu du bruit des coups de marteau. Les bras de Jésus étaient étendus horizontalement, tandis que ceux de la croix montaient en ligne oblique [...]

Sur le pied de la croix, à peu près au tiers de sa hauteur, on avait ajusté un morceau de bois destiné à soutenir les pieds de Jésus, afin qu'il fût plutôt debout que suspendu à la croix, et aussi afin que les os des pieds ne fussent pas brisés lorsqu'on les clouerait. Dans ce morceau de bois, ce trouvait un trou pour le clou qui devait percer les pieds; on avait aussi pratiqué une cavité pour les talons dans le bois de la croix.

Les bourreaux étendirent les jambes du Seigneur, qui s'étaient retirées vers le corps par la violente tension des bras, et les attachèrent avec des cordes; mais comme ils ne pouvaient faire arriver ses pieds jusqu'au support, ils éclatèrent en imprécations et en blasphèmes. Quelques-uns d'entre eux voulaient qu'on fit d'autres trous pour les clous qui perçaient les mains, car il leur paraissait difficile de changer la place du support des pieds; mais les autres s'écrièrent en ricanant: 'II ne veut pas s'allonger; nous allons lui venir en aide!' Alors ils attachèrent des cordes à sa jambe droite, et la tirèrent avec une violence atroce, jusqu'à ce que le pied atteignît le support auquel ils le lièrent. La tension du corps de Jésus fut si excessive, qu'on entendit craquer sa poitrine, et qu'il s'écria d'une voix lamentable: 'Mon Dieu! mon Dieu!' Ils avaient attachés à la croix ses bras et sa poitrine pour ne pas arracher les mains de leurs clous; ce fut une horrible souffrance. Ensuite ils tirèrent la jambe gauche, et attachèrent le pied gauche sur le pied droit. Comme il n'y reposait pas suffisamment pour qu'on put les clouer tous les deux ensemble, ils le percèrent d'abord avec un amorçoir, puis ils prirent un clou plus long que celui des mains, et l'enfoncèrent, à travers les deux pieds et le support, jusque dans le bois de la croix. A cause de la distension du corps, le Seigneur souffrit plus cruellement encore quand on lui cloua les pieds que lorsqu'on lui avait cloué les mains. Je comptai jusqu'à trente-six coups de marteau [...]

Les détails précédents témoignent de la lucidité des visions d' Anne Catherine Emmerich. Ils sont l'éclatante révélation des Saintes Écritures.
Les tableaux de la crucifixion dans nos Eglises, comme bon nombre de statues, omettent ce fait, oublié des Evangiles, mais bien présent dans le psaume prophétique 22. Jésus était comme écartelé sur la croix. Ses os étaient "disloqués" (déboîtés). Il pouvait aussi "compter tous [ses] os".

"Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné, t'éloignant de mon cri, des mots que je rugis? [...] Et moi, vermisseau, et non pas homme, opprobre des humains et méprisé du peuple, tous ceux qui me voient se moquent de moi, ils grimacent des lèvres, hochent la tête: 'Il s'en est remis à Yahvé, qu'Il le délivre, qu'Il le sauve, puisque il l'aime!' [...] Comme l'eau je suis répandu et tous mes os se disloquent, mon cœur est comme la cire, il fond au milieu de mes entrailles. Mon palais est sec comme un tesson et ma langue colle à mes mâchoires, dans une poussière de mort tu me déposes. Car des chiens nombreux m'entourent, une bande de malfaisants me cerne; ils ont creusé mes mains et mes pieds, je puis compter tous mes os." (Psaume 22 Osty)

C'est une preuve indéniable de l'inspiration divine du récit d'Anne Catherine Emmerich.


JESUS ÉLEVÉ EN CROIX

"Lorsque les bourreaux eurent crucifié le Seigneur, ils attachèrent au sommet de la croix des cordes, qu'ils firent placer autour d'une poutre transversale placée au côté opposé; puis plusieurs d'entre eux élevèrent la croix au moyen de ces cordes, tandis que d'autres la soutenaient et en poussait le pied jusque dans le trou destiné à la recevoir. Enfin ils firent tomber de tout son poids la lourde croix dans le trou avec une secousse effroyable. Jésus poussa un cri de douleur; ses blessures s'élargirent, son sang coula avec plus d'abondance, et ses os disloqués s'entrechoquèrent. Pour fixer la croix, on enfonça dans le trou cinq coins tout autour [...]
Au moment où l'on dressa la croix, la tête du sauveur, chargée de sa couronne d'épines, fut violemment ébranlée; le sang en jaillit en abondance, ainsi que de ses mains et de ses pieds. Les archers appliquèrent des échelles à la croix, et délièrent les cordes avec lesquels son corps sacré y avait été attaché, afin que les clous ne déchirassent pas ses mains au moment de l'élévation de la croix. Le sang, dont la circulation avait été gênée par la position horizontale et par la compression des cordes, reprit alors son cours. Accablé de souffrances, Jésus pencha la tête sur sa poitrine, et resta comme mort durant sept minutes.
Le sang remplissait ses cheveux, sa barbe, ses yeux et sa bouche entrouverte. Sa tête avec la terrible couronne était penchée sur sa poitrine; son sein était renfoncé. Ses épaules, ses coudes, ses poignets, ses cuisses et ses jambes étaient disloqués; ses membres étaient tellement tendus, ses muscles tellement déchirés, qu'on pouvait compter tous ses os. Son corps était couvert de plaies affreuses, de taches noires, bleues et jaunâtre. Le sang coulait de ses mains et de ses pieds le long de l'arbre de la croix; vermeil d'abord, il devint plus tard pâle et aqueux. Son corps sacré, qui devenait de plus en plus blanc et qui ressemblait à un cadavre épuisé de sang, conservait cependant une ineffable expression de majesté touchante.
Il y eu une pause de quelques instants. Les bourreaux étaient occupés à diviser entre eux les vêtements du Seigneur [...] La sainte croix se trouvait dressée au milieu du monde comme un arbre de vie [...] Au milieu de silence solennel [...] les trompettes du Temple retentirent, annonçant l'immolation de l'agneau pascal et figuratif [...]
Le tertre au milieu duquel la croix était dressée s'élevait de deux pieds au-dessus du terrain environnant. Les pieds du Seigneur se trouvaient assez bas pour que ses amis pussent les embrasser [...] "

Une flagellation romaine pour un condamné à mort laissait bien plus de blessures profondes que les quelques traits rouges bien clairsemés que nous voyons souvent sur les tableaux de nos Églises. L'aspect de Jésus sur la croix, tel que nous le révèle Anne Catherine Emmerich, est pitoyable. Il est couvert de meurtrissures et de sang. Il est accablé de souffrances, de fatigue et de soif. Ce sont les résultats de tous les mauvais traitements qu'il a subit.

Jésus a tellement été battu et cruellement flagellé pendant la Passion, que la mort l'emportera bien plus vite que les larrons.

Il s'est offert volontairement pour racheter nos fautes. Saint Paul ou Esaïe témoignent :
"Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi en devenant pour nous malédiction, car il est écrit: Maudit soit quiconque est suspendu au gibet!" (Galates 3:13 Osty)
"Lorsqu'un homme ayant en lui un péché passible de mort aura été mis à mort et que tu l'auras pendu à un arbre, son cadavre ne passera pas la nuit sur l'arbre, mais tu devras l'enterrer le jour même; car un pendu est une malédiction de Dieu [...]" (Deut. 21:22-23 Osty)
"Mais lui, c'est à cause de nos forfaits qu'il était transpercé, à cause de nos fautes qu'il était écrasé."' (Esaie 53:5 Osty)

LE CRUCIFIEMENT DES LARRONS

"Les deux larrons [...] étaient accusés d'avoir assassiné une femme juive et ses enfants, qui se rendaient de Jérusalem à Joppé. On les avait arrêtés dans un château de Pilate, où ils s'étaient fait passer pour de riches marchands [...]
Les bourreaux [...] les détachèrent des pièces transversales en toute hâte, car le ciel s'obscurcissait, et il y avait un mouvement dans la nature comme à l'approche d'un orage. Les archers appliquèrent des échelles aux deux croix déjà fixées en terre, puis ils en ajustèrent les bras. Après avoir fait boire aux deux larrons du vinaigre mêlé de myrrhe, on leur ôta leurs misérables tuniques, et on les hissa en l'air avec des cordes attachées à leur bras et jetées par dessus ceux de la croix; ensuite leurs bras furent contournés sur les pièces transversales, et on lia avec des cordes faites d'écorces d'arbres leurs poignets, leurs coudes, leurs genoux et leurs pieds. Ces cordes furent si fortement serrées, que leurs veines se rompirent et que leurs os craquèrent. Ils poussèrent des cris horribles [...]
Il y avait entre les croix des larrons et celle du Seigneur un espace suffisant pour qu'un homme à cheval pût y passer; elles étaient placées un peu plus bas. Les deux larrons présentaient un aspect affreux, surtout celui de gauche. Leur visage était livide; leurs yeux, d'un rouge de sang, sortaient presque de leurs orbites. Ils poussaient des cris horribles."

Le récit d'Anne Catherine nous décrit la crucifixion de Jésus attaché, cloué, élevé et détaché; puis celle des larrons hissés et attachés.
Quels étaient les consignes des bourreaux ? Nous ne le savons pas !
Les Evangiles disent peu de choses :

"Alors sont crucifiés avec lui deux brigands, un à droite et un à gauche." (Matthieu 27:38 Osty)

Par contre, on peut remarquer que, conformément aux témoignages historiques, les pièces de bois verticales étaient déjà installées pour les larrons. Ils ont chacun porté leur patibulum jusqu'au lieu d'exécution. Jésus n'était pas prévu. Il a du porter sa croix entière jusqu'au Golgotha.

On remarque aussi l'approche des ténèbres que cite Matthieu :
"Dès la sixième heure, il y eu des ténèbres sur toute la terre jusqu'à la neuvième heure." (Matthieu 27:45 Osty)

Les lecteurs des visions d'Anne Catherine Emmerich peuvent être étonnés. Elle fait un récit de la Passion détaillé et saisissant; mais en plus, elle propose une autre forme de croix (tout comme une autre mystique allemande: Thérèse Neumann).
On peut rejeter son témoignage. Toutefois il nous éclaire sur une multitude de détails qui réduisent les aléas de l'imaginaire collectif tout en répondant en tout point à la Bible.

Plusieurs points ignorés de toutes les illustrations connues à ce jour sont dévoilés :

- l'aspect physique de Jésus sur la croix
- la forme de cette croix
- le fait que ses os étaient disloqués.

C'EST IMPORTANT de le signaler ! L'imagination a ses limites !

 

 

 

Comment corroborer ces visions ?

Le témoignage de Claudine Moine peut nous aider !


" Claudine Moine est née en Franche-Comté en 1618, dans une famille aisée que ruina la guerre de Trente ans, en sorte que la jeune fille vint à Paris en 1642, dans l'espoir de gagner sa vie. N'ayant pas de qualification professionnelle, elle ne trouva pas d'emploi, mais seulement quelques travaux d'aiguille mal rétribués [...] Une dame de la haute société [...] l'engagea comme couturière, au nombre de ses domestiques [...] Elle rédigea ses relations spirituelles, sur ordre, de 1652 à 1655. " ("La couturière mystique de Paris - Claudine Moine - Relation spirituelle" TEQUI 1981)

CRUCIFIXION (P 312)

"[L'âme] crucifie et attache toutes ses puissances, tous ses sens intérieurs et extérieurs, son corps et son esprit, à la Croix du Sauveur, qu'elle meurt et expire, d'une certaine manière qui ne peut se dire, à toutes les choses du monde et à elle-même. Et comme Notre-Seigneur était cloué et attaché si fortement à la Croix qu'il ne pouvait ni mouvoir ni tourner de côté ni d'autre, aussi l'âme, ni même le corps en quelque façon, ne tourne plus à rien, demeurant comme mort pour toutes les choses de ce monde. Il me sembla, particulièrement une fois, considérant comme Notre-Seigneur avait été étendu et tous ses os déboîtés et mis hors de leur place, et comme on le cloua à la Croix, que les puissances de mon âme et mes sens extérieurs et intérieurs furent tirés hors de leurs opérations purement naturelles.
J'ai toujours eu grande dévotion à recevoir le dernier soupir de Jésus-Christ expirant à la Croix, le suppliant de l'expirer dans mon cœur et de venir vivre en moi par son esprit, me gouvernant en tout et partout."

Comme Anne Catherine, Claudine Moine décrit Jésus complètement tendu et immobilisé, les os déboîtés.

Rares sont les représentations artistiques fidèles au psaume 22. Une simple paysanne ou une jeune couturière nous illuminent sur l'accomplissement prophétique de ce psaume qui a échappé à beaucoup trop d'artistes.

 

 

Rosalie Put de Lummen (Belgique), stigmatisée du XXe siècle (1868-1919) nous donne aussi le témoignage de Jésus en Croix.

Jeudi 14 avril 1910

Sur mes instances Rosalie m'explique le sens de cette croix miraculeuse. Voici à peu près ce qu'elle dit:

"Le corps de Jésus, suspendu à sa croix n'était que sang et blessures de la tête aux pieds. C'était le résultat de la flagellation brutale. Ses blessures se rouvrirent quand on lui arracha ses vêtements avant la crucifixion. Il n'y avait pas un morceau de peau qui était intact. Comme tu Le vois là, ma sœur, plein de sang, ainsi je porte le crucifié dans mon cœur."

(p115 "Rosalie Put de Lummen une stigmatisée du XXe siècle 1868-1919" Robert Ernst pr. Edité par J. Leysen, éditions Marie Médiatrice Genval B-1320)

Ses propos sont très bien illustré par la représentation qu'en fait Mel Gibson dans son film "La Passion du Christ"

"Il n'y avait pas un morceau de peau qui était intact."

 

 

Autre témoignage: les souffrances physiques de Jésus par la mystique Angèle de Foligno (1248-1309) Italie

Jésus dit à Angèle "qu'Il a souffert avec grande humilité et patience." Et Il énumérait une par une les souffrances de sa Passion dans tous ses membres, les peines et les paroles dures et injurieuses. Jésus dit: "La coupe que je bus était amère, mais, à cause de l'amour je la trouvais douce."

Dès le début de sa Passion Jésus incita ses apôtres à prier pour ne pas entrer en tentation. Lui-même priait sans cesse: "Alors qu'Il priait plus intensément, sa sueur devint comme des gouttes de sang tombant à terre... Jésus alors priait pour nous... Il se laissa blasphémer, abaisser, injurier, prendre, emmener, flageller et crucifier, et toujours il resta comme quelqu'un d'impuissant. Cette pauvreté est un modèle pour notre vie; de cette pauvreté nous devons prendre exemple."

Dans une autre de ses visions, Angèle contemple les résultats de l'écartèlement que Jésus dut subir pendant sa crucifixion: "Il semblait que toutes les articulations de ce corps béni étaient si disjointes, disloquées et désunies, à cause de la cruelle tension et de l'horrible traction infligées à ses membres virginaux, sur le gibet de la Croix, par les mains homicides de ces perfides. Les tendons et les jointures des os de ce corps très sacré semblaient avoir totalement quitté leur harmonie normale."

A partir du site: http://www.spiritualite-chretienne.com/passion/Foligno-2.html

Il semblait que toutes les articulations de ce corps béni étaient si disjointes, disloquées et désunies.

 

 

Thérèse Neumann (Allemagne), stigmatisée du XXe siècle (1898-1962) nous donne aussi un témoignage de la forme de la Croix.

La crucifixion:

"45e vision. Les trois poutres de la croix sont assemblées. Les extrémités des deux poutres latérales façonnées à la hache, dotées de tenons, sont enfoncées dans les mortaises correspondantes de la longue poutre non façonnée et fixées à l'aide de coins et de chevilles en bois" (page 228)

"C'est en reconnaissance de sa guérison miraculeuse, que Karl Schmitz Wickermann offrit d'ériger, dans le cimetière de Konnersreuth, une croix qui rappellerait, par sa forme, la vision de Thérèse Neumann (comme Anne Catherine Emmerich d'ailleurs) avait de celle du Golgotha. C'est pourquoi elle se présente sous forme d'Y [....]" (page 272)

("Thérèse Neumann la crucifiée de Konnersreuth devant l'histoire et la science" Ennemond Boniface, édité par les éditions P. LETHIELLEUX, 7 rue Abel Hovelacque, 75013 PARIS)

 

La croix vue par Thérèse Neumann avait la forme d'un Y.

 

 


Anne Catherine Emmerich persiste dans la cohérence de ses visions. Voici le récit qu'elle fait de la description de la maison de la vierge à Ephèse.

" Séjour de Marie à Éphèse.

Vers la quatrième année qui suivit la mort du Christ, lorsque la persécution s'éleva contre Lazare et les siens, Marie reçut un avertissement et Jean la conduisit, avec d'autres personnes, à Éphèse, où déjà quelques chrétiens s'étaient établis [...] Cependant la sainte Vierge ne demeurait pas à Ephèse même; sa maison était située à trois lieues et demie de là, sur une montagne qu'on voyait à gauche en venant de Jérusalem, et qui s'abaissait en pente douce vers la ville […]

La maison de Marie était carrée, la partie postérieure seule était arrondie; les fenêtres étaient pratiquées au haut des murs, et le toit était plat. Elle était divisée en deux parties par le foyer, placé au centre. A droite et à gauche du foyer, de petites portes conduisaient à la partie postérieure de la maison, plus sombre que la partie antérieure, mais convenablement ornée. Les murs, revêtus de boiseries, et les poutres du plafond cintré, reliées entre elles par des lambris recouverts de feuillages, donnaient à la pièce une apparence simple, mais agréable.
Le fond de cette partie de la maison, séparé du reste par un rideau, formait l'oratoire de Marie. Dans une niche placée au milieu du mur, il y avait une espèce d'armoire qu'on ouvrait en la faisant tourner comme un tabernacle, au moyen d'un cordon. On y voyait une croix longue à peu près comme le bras, et de la forme d'un Y, ainsi que j'ai toujours vu la croix de Notre Seigneur. Elle était taillée grossièrement, et à peine travaillée comme les croix qui viennent aujourd'hui de la Palestine: je pense que Jean et Marie l'avaient faite eux -mêmes. Elle était fixée dans un support de terre ou de pierre, comme la croix du Seigneur au Golgotha. Au pied de la croix se trouvait un morceau de parchemin où était écrit quelque chose; je crois que c'étaient des paroles du Seigneur. L'image du Sauveur était gravée sur la croix, mais très simplement, et avec des lignes de couleur foncée. Cette croix était faite de quatre espèces de bois ; j'ai eu connaissance des méditations de Marie sur chacune d'elles, mais j'ai malheureusement oublié ces belles instructions. De chaque côté de la croix était placé un vase rempli de fleurs naturelles.
Je vis aussi un linge auprès de la croix, et il me sembla que c'était celui dont la sainte Vierge s'était servie, après la descente de croix, pour essuyer le sang et les plaies du corps sacré. J'eus cette pensée parce que la vue de ce linge rappela vivement à mon âme ce saint acte de l'amour maternel de Marie. Il me sembla en même temps que ce linge était représenté par celui dont le prêtre se sert pour essuyer le calice après avoir bu le précieux sang du Rédempteur, et qu'il fait quelque chose de semblable à ce que fit Marie en essuyant le sang des plaies du Sauveur. " (VNSJC 3 p486)

"On y voyait une croix longue à peu près comme le bras, et de la forme d'un Y, ainsi que j'ai toujours vu la croix de Notre Seigneur."

 

 


LA SYMBOLIQUE DE LA FORME DE LA CROIX

Anne Catherine Emmerich nous révèle une forme de croix peu connue que Dieu a voulue ainsi.

"La croix fut préparée d'une manière toute particulière, soit par l'effet du hasard, soit parce qu'on voulait se moquer de Jésus, ce soi-disant roi; mais en réalité parce que Dieu voulait qu'il en fût ainsi." (Douloureuse Passion chap. V)

"On repassa à l'endroit où se préparait la croix. Les ouvriers ne pouvaient pas plus la terminer que les juges ne pouvaient s'accorder sur la sentence. Il leur fallait sans cesse apporter d'autre bois, parce que telle ou telle pièce n'allait pas ou se fendait, jusqu'à ce que les différentes espèces de bois fussent combinées de la manière que Dieu voulait. J'eus diverses visions à ce sujet. Je vis que les anges les forçaient à recommencer jusqu'à ce que la chose fût faite selon ce qui était marqué ; mais je n'ai pas un souvenir très distinct de cette vision."

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/CatherineEm/LaPassion/11marie.html

On retrouve dans ses révélations cette forme significative lorsqu'elle décrit la bénédiction d'un des trois anges faite à Abraham (Génèse 18:1-8).

"14 Abraham reçoit le sacrement de l'Ancienne Alliance.

Le sacrifice d'Abraham se terminait à peine qu'il aperçut les trois anges sur la route. Ils s'avançaient sur la route. à égale distance l'un de l'autre ils portaient des vêtements retroussés. Abraham se hâta vers eux et s'inclina devant eux en louant Dieu il les conduisit vers l'enceinte de l'autel, où ils déposèrent leurs vêtements. Ils ordonnèrent au patriarche de s'agenouiller.

Je vis la merveilleuse opération qui se réalisa par l'intermédiaire des anges pour Abraham, ravi en extase, seulement [1]. Tout s'effectua en peu de temps, comme tout ce qui se passe en de telles circonstances.

Je vis le premier ange annoncer au patriarche agenouillé que Dieu voulait susciter dans sa descendance une vierge immaculée. sans péché. destinée à enfanter le Sauveur. Mais que lui-mème, Abraham, devait recevoir ce qu'Adam avait perdu par le péché. Alors l'ange lui présenta une parcelle de nourriture étincelante et lui fit boire le liquide lumineux contenu dans une petite coupe.

Sur ce, il traça de sa droite une bénédiction sur Abraham. comme une ligne droite de la tête jusqu'au-dessous du torse. et ensuite de l'épaule droite, puis de l'épaule gauche jusqu'au-dessous du torse, où les trois traits de la bénédiction se rejoignaient. Ensuite, l'ange tendit à deux mains quelque chose de lumineux vers la poitrine du patriarche. comme une petite nuée, que je vis pénétrer en Abraham [2], et j'eus l'impression que celui-ci recevait le Saint-Sacrement.

Le second ange annonça à .Abraham qu'il devait, avant de mourir, transmettre au premier-né de Sara le secret de cette bénédiction. comme il l'avait reçue, et que son petit-fils Jacob serait le père de douze garçons qui fonderaient douze tribus [...]

L'ange dit également que cette bénédiction serait retirée à Jacob lorsque celui-ci aurait donné naissance à un peuple, et qu'elle serait rendue comme mystère sacré et bénédiction pour tout le peuple, dans l'Arche d'Alliance 3. Ce mystère ne pourrait être obtenu que par la prière.

L'ange révéla à Abraham que ce dépôt sacré, à cause de l'impiété des hommes, passerait aux prophètes et serait finalement transmis à un homme destiné à être le père de la Vierge. J'entendis également, au cours de cette prophétie, que six voyantes [4] et des signes dans les étoiles annonceraient aux païens la réalisation du salut du monde par la médiation d'une Vierge.

Tout ceci fut révélé à Abraham dans une vision où il contempla également une apparition de la Vierge dans le ciel. un ange se tenant à sa droite et lui effleurant la bouche avec un rameau. Et l'Eglise, sortant du manteau de la Vierge, s'épanouit alors.

Le troisième ange annonça à Abraham la naissance d'Isaac : je vis le patriarche si émerveillé par l'annonce de la Vierge et par son apparition qu'il ne songeait guère a Isaac. Je pense que la promesse de cette Vierge lui rendit également plus supportable, ultérieurement. la perspective du sacrifice d'Isaac.

C'est seulement après ces saintes révélations que je vis l'hospitalité accordée aux anges et le rire de Sara. Je vis aussi Abraham accompagner les anges et intercéder pour Sodome [6]."

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/CatherineEm/Alliance.html#Abrahamrecoit

On pourrait penser que cette forme de croix, si peu admise par les Chrétiens, aurait été voulue ainsi par Dieu comme un signe de bénédiction pour l'humanité. Anne Catherine ne le dit pas explicitement mais les extraits de la Bible ci-dessous nous permettent de l'envisager.

La bénédiction donnée à Abraham en Génèse 22:18: "Toutes les nations de la terre se verront bénies en ta descendance parce que tu as obéi à ma voix." (La Bible des peuples - Le Sarment - Editions du Jubilé) trouve son accomplissement par les fruits de la Passion de Jésus-Christ, descendant d'Abraham.

La croix qui en est le symbole par excellence devient un signe de bénédiction pour toutes les nations comme le suggère saint Paul dans sa lettre aux Galates (3:13-14)

"Le Christ nous a rachetés de cette malédiction de la Loi quand pour nous il est devenu malédiction, selon ce qui est écrit: Celui que l'on pend à un poteau est une malédiction. C'est alors que, dans le Christ Jésus, la bénédiction d'Abraham a atteint les nations païennes, et par la foi nous avons reçu la promesse, c'est-à-dire l'Esprit." (La Bible des peuples - Le Sarment - Editions du Jubilé).

 

CONCLUSIONS

Tout d'abord, c'est à l'Eglise que revient le privilège et la responsabilité de définir quelle était la forme de la croix.

La précision des détails du récit de la Passion du Christ devrait suffire à nous convaincre qu'Anne Catherine Emmerich nous décrit la représentation fidèle de la croix de Jésus Christ.

Cette mystique n'a "rien à vendre". Elle nous décrit que ce qu'elle voit même si cela va à l'encontre des idées reçues.

Il aurait été pourtant si facile de se conformer à une forme de la croix reconnue par tous. Un peu comme Mel Gibson le fait dans son film "La Passion du Christ". Pour ne pas choquer, il conserve la forme traditionnelle et communément admise par presque toutes les Eglises chrétiennes. Pourtant son film s'inspire particulièrement des visions d'AC Emmerich sur la Passion.

Par contre, comme le montre cette étude, ce qu'Anne Catherine Emmerich décrit est en total accord avec l'Ancien et le Nouveau Testaments. On ne peut pas en dire autant d'autres représentations.

Néanmoins, il est certain que toute représentation comporte des erreurs. Tout dessin, sculpture ou peinture ne sera jamais le reflet exacte de la réalité. Outre la part artistique propre à la sensibilité de l'artiste, la part d'inconnu où l'imagination prend le pas sur la réalité est importante. Mieux vaut ne pas accorder trop de crédit à l'aspect matériel de la croix et se laisser plutôt éclairer par le sens spirituel du sacrifice du Christ.


"Et c'est en vertu de cette volonté que nous sommes sanctifiés par l'offrande du corps de Jésus Christ, une fois pour toute [...] Car par une offrande unique, il a rendu parfaits pour toujours ceux qui sont sanctifiés." (Hébreux 10:10,14 Osty)

Tableau réalisé par Martine Vranken (2008) d'après Delacroix et la sœur Emmerich

 

 

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Janos Hajnal (c2000)

" Et moi je suis morte, je ne suis qu'un esprit; autrement je ne pourrais voir ces choses, car elles n'existent pas maintenant, et cependant maintenant elles existent. Mais cela n'existe pas dans le temps; en Dieu il n'y a pas de temps, en Dieu tout est présent ; je suis morte, je suis un esprit. " (Anne Catherine Emmerich)

 

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