QUI ETAIT ANNE CATHERINE EMMERICH ?

La plus grande visionnaire de tous les temps

 

Mel Gibson

Sa Passion du Christ d'après Anne Catherine Emmerich

(Studio Magazine)

 

En ce vendredi Saint 9 avril 2004, j'ai enfin vu ce film sorti le 31 mars. Jamais la Passion du Christ n'a été montrée avec autant de force et de talent. Ce film est bouleversant ! La violence est supportable parce qu'elle n'est pas gratuite. On assiste à un supplice, à une exécution. La flagellation est vraiment horrible ! (J'ai même failli avoir un malaise et pourtant j'avais déjà lu le récit qu'en avait fait Anne Catherine.) Mel Gibson redonne sa véritable dimension au sacrifice expiatoire de Jésus Christ.

Notre Evêque (Diocèse Fréjus-Toulon), Monseigneur Rey, nous dit : " […] pour le chrétien qui entre dans la semaine Sainte, l'œuvre de Mel Gibson lui fait découvrir dans la prière, comment et jusqu'où 'le Fils de Dieu m'aime et s'est livré pour moi' (Epître aux Galates 2 :20) "

Tout d'abord, le film n'est pas le seul point de vue de Mel Gibson. En fait, il s'inspire principalement des visions d'Anne Catherine Emmerich.

Cette mystique revivait les vendredis, en extase, la Passion du Christ dont elle en portait les stigmates. Elle en a ainsi fait le récit détaillé minute par minute. Bien sûr, beaucoup de faits sont ignorés du grand public. Néanmoins, pour ce qui est connu, elle ne dévie jamais des Evangiles.

Même si les visions d'Anne Catherine Emmerich sont bien plus détaillées et significatives que ne le sont les images du film, Mel Gibson en a conservé surtout la puissance évocatrice du sacrifice de Jésus Christ tout au long de sa Passion.

 

 

" La Passion du Christ. Le film qui fait scandale " titre Paris-Match n°2857 (19 au 25/02/2004).

 

"Gibson était près de se jeter par la fenêtre, quand il a découvert le livre d'une mystique chrétienne"

"Se vautrer dans la célébrité, picoler, montrer son cul, faire hurler les femmes - de rire -, telle était la vie de Mel Gibson il y a encore douze ans. Et puis, un jour, en pleine gloire, à force de faire des claquettes sur son piédestal, il en est tombé et, à 36 ans, a commencé à se poser les questions qu'on se pose à 16. "Où vais-je? Qui suis-je? D'où viens-je? Qu'est-ce que je fais sur cette terre ?" "J'étais en pleine débâcle spirituelle, sur le point de me jeter par la fenêtre."
Les voyages, la grande vie ne le comblent plus. Après son époque de "monstre", comme il se nomme lui-même, il ne recherche qu'une chose: la paix intérieure. Pour trouver une réponse à ses angoisses métaphysiques, il se plonge dans les livres, relit les Evangiles, réexamine sa chrétienté, commence à méditer sur la passion et la mort de Jésus. La métamorphose se fait tout doucement. "La foi ne sauve pas de tout mais elle permet de transcender la folie." Un jour, cherchant un manuscrit sur une étagère de sa bibliothèque, un livre lui tombe dans les mains : "La passion douloureuse de Jésus-Christ", écrit au XVIIIe siècle par une mystique, Anne Catherine Emmerich. C'est le déclic, une révélation, voire un signe!
"Le Saint-Esprit s'est manifesté en moi pendant le tournage. Je n'ai réglé que le trafic." Depuis, le monde de Mel Gibson se partage en deux: ceux qui aiment son film et ceux qui le détestent […]" (PAR DANY JUCAUD - Paris Match)

" Le film déchaîne passions et colères d'envergure quasi générale " ajoute l'éditorial.


Que reproche-t-on au film de Mel Gibson d'après Paris-Match?

En résumé :

1- Le film délivrerait un message antisémite en montrant les juifs comme seuls responsables de la mort du Christ.
2- Une erreur indigne les historiens : la croix
est fabriquée par les Juifs au Temple.
3- Les 20 minutes de flagellation sont d'un réalisme insoutenable.

Voici une proposition de réponses ci-dessous.

 

1-Qui est responsable de la mort du Christ ?

L'alternative souvent proposée est : soit les Romains, soit les Juifs. Ceux qui choisissent de responsabiliser "les Juifs" sont immédiatement traités d'antisémites. Choisir de répondre "les Romains" est plus confortable. Ce peuple ayant disparu, personne ne sera traité d' "anti-Romain".

L'avis de Mel Gibson est intéressant :
" Quand on lui demande "Qui a tué Jésus ?", Gibson répond: "Nous l'avons tous tué. Je suis en tête de la liste des coupables". "
Qui a-t-il d'antisémite dans ses propos ?

St Paul, dans ses épîtres, nous dit : " Christ est mort pour nos péchés selon les Ecritures " (1COR 15 :3 Osty)
Nous sommes donc tous coupables de la Passion du Christ. Personnellement j'accepte d'assumer !

Il en va de même pour les écrits d'Anne Catherine Emmerich. Ils ne sont pas spécifiquement antisémites car elle déclare :

"Quelle honte pour nous que, par mollesse ou par dégoût, nous nous refusions à raconter ou à entendre le récit des innombrables souffrances que l'Agneau sans tache, notre Rédempteur, a dû supporter pour notre salut, et qu'il a endurées avec tant de patience! Nous sommes saisis d'une horreur semblable à celle du meurtrier qui devrait poser la main sur les blessures de sa victime. Jésus supportait tout, sans ouvrir la bouche; et c'étaient les hommes, les pécheurs qui sévissaient contre leur frère, contre leur Rédempteur, contre leur Dieu. Hélas ! je suis aussi moi-même une pauvre pécheresse, et c'est à cause de moi aussi qu'il a dû tant souffrir. Au jour du jugement, où tout ce qui est caché sera dévoilé, nous verrons tous quelle part nous avons eue au supplice du Fils de Dieu, alors qu'il s'était fait le Fils de l'homme dans le temps, par ces péchés que nous ne cessons de commettre, et qui sont en quelque sorte un consentement et une participation aux mauvais traitements que ces monstres lui ont fait subir." (Visions tome 3 page 230)

Les seuls récits "historiques" qui nous restent du procès de Jésus sont les Evangiles. Ils sont sans équivoque. Jésus est arrêté par une foule armée de bâtons et de glaives commanditée par les grands prêtres et le Sanhédrin. Il sera jugés par ces derniers, reconnu coupable et condamné à mort. Pilate confirmera la sentence et, à leur demande, fera procéder à l'exécution.

On ne peut pas dire que "les Juifs" ont condamné Jésus. Jésus était juif, circoncis, descendant du roi David. Ses disciples étaient juifs. Ceux qui ont condamné Jésus étaient les grands prêtres. L'autorité sacerdotale juive.

L'Evangile de Luc le rappelle 24:18-20 : " Cléophas dit [à Jésus ressuscité sur le chemin d'Emmaüs...] 'Ce qui concerne Jésus le Nazarénien [...] comment aussi nos grands prêtres et nos chefs l'ont livré pour être condamné à mort et l'ont crucifié.' " (Osty)

Luc insiste encore, dans les Actes de Apôtres 4:1-12, lors de l'arrestation de Pierre et de Jean et de leur comparution devant le Sanhédrin: " [...] les chefs des [Juifs], et les anciens et les scribes s'assemblèrent à Jérusalem, ainsi que Anne le grand prêtre, et Caïphe [...] Alors Pierre, rempli d'Esprit Saint, leur dit: '[...] sachez-le, vous tous, ainsi que tout le peuple d'Israël: c'est par le Nom de Jésus Christ le Nazôréen que vous avez crucifié, vous, et que Dieu a relevé d'entre les morts [...]' " (Osty)

Pourquoi les grands prêtres ? Pendant plus de 3 ans, Jésus est fréquemment entré en conflit avec les pharisiens et les scribes, comme avec les grands prêtres quand il prêchait dans le Temple de Jérusalem.
" Et en entendant ses paraboles, les grands prêtres et les Pharisiens comprirent que c'était d'eux qu'il parlait. Et tout en cherchant à l'arrêter, ils craignirent les foules, parce qu'elles le tenaient pour un prophète. " (MAT 21 :45-46 Osty)

 

2-Est-ce que les Juifs ont fabriqué la croix dans l'enceinte du Temple ?

Le supplice de la croix est reconnu comme un mode d'exécution romain. Voici l'extrait d'un texte qui en précise les origines :
"Le crucifiement était un moyen d'exécution courant dans le monde antique. Il était pratiqué dans l'Empire grec dès le IV ème siècle av. J-C. et des sources romaines en font mention vers l'an 200 av. J-C.
Les romains introduisirent le crucifiement en Palestine au 1er siècle av.J-C.: le gouverneur romain de Syrie fit crucifier 2000 juifs en 4 av. J-C.
On sait d'après les manuscrits de la mer Morte, que certains juifs crucifiaient leurs condamnés à mort. Le rouleau du Temple (11 QT) en fait une partie de la législation d'alliance de Moïse [...] Pour les Juifs, le crucifiement était particulièrement horrible: 'Le pendu est une malédiction de Dieu' (Dt 21,23). Ce passage faisait initialement allusion aux criminels pendus à un arbre, mais, au 1er siècle apr. J-C., il fut aussi appliqué aux crucifiés, comme Paul en témoigne dans sa lettre aux Galates 3,13 [...] " (John Bowker, " Le grand livre de la Bible " 1999)

Que voit Anne Catherine Emmerich à ce sujet ?

"Judas avait à peine reçu le prix de sa trahison, qu'un pharisien sortit et envoya sept esclaves chercher du bois pour préparer la croix dans le cas où le jugement aurait lieu; car le lendemain on ne pourrait la terminer avant le commencement de la Pâque. La pièce principale de la croix avait été jadis un arbre de la vallée de Josaphat, planté prés du torrent de Cédron; plus tard l'arbre étant tombé en travers, servit de pont. Lorsque Néhémie enfouit le feu sacré et les saints vases du temple dans l'étang de Béthesda, cet arbre fut jeté par-dessus avec d'autres pièces de bois; puis il en avait été retiré et mis de côté. La croix fut préparée d'une manière toute particulière, soit par l'effet du hasard, soit parce qu'on voulait se moquer de Jésus, ce soi-disant roi; mais en réalité parce que Dieu voulait qu'il en fût ainsi." (Douloureuse Passion chap. V)

"[Après l'arrestation de Jésus] La mère de Jésus et ses compagnes s'approchèrent de la maison de Caïphe du côté opposé à l'entrée. Là, une nouvelle douleur les attendait: elles devaient traverser un endroit élevé où des esclaves, à la lueur des torches, travaillaient à la croix du Seigneur [...] Les romains avaient déjà fait préparer les croix des deux larrons. Les ouvriers maudissaient Jésus, pour lequel ils devaient travailler la nuit; et chaque coup de hache, accompagné de leurs propos injurieux, perçait le cœur de la malheureuse mère [...]" (Douloureuse Passion chap. XII)

A travers les récits des Evangiles comme en MARC 14:1-2 (Osty) "[…] les grands prêtres et les scribes cherchaient comment l'arrêter par ruse et le tuer. Car ils disaient : 'Pas pendant la fête, sinon il pourrait y avoir un tumulte du peuple'.", on constate que l'arrestation et le procès de Jésus ont été précipités. La fête de la Pâque allait débuter le vendredi après-midi. L'arrestation eut lieu le jeudi soir. Il fallait aller vite ! Les pharisiens ont fait préparer la croix pour que tout soit prêt le vendredi matin pour l'exécution de la sentence. Jean nous dit bien que c'était la Préparation de la Pâque:
" C'était la Préparation de la Pâque; c'était environ la sixième heure. [Pilate] dit aux Juifs: 'Voilà votre roi!' " (JEAN 19:14 Osty )

Le jour qui suivait était un samedi, le 15 nisan, donc un jour de "grand sabbat". La fête empêcherait donc toute exécution. Mêmes les corps des suppliciés devaient être retirés des croix.
" Les Juifs donc, comme c'était la Préparation, pour que les corps ne restent pas sur la croix pendant le sabbat - car c'était un grand jour que ce sabbat! - les Juifs demandèrent à Pilate qu'on leur rompît les jambes et qu'on les enlevât. " (JEAN 19 :31 Osty )

A moins d'imaginer les romains avec un "stock" de croix disponibles pour les exécutions multiples, il est logique de penser que les accusateurs de Jésus avaient fait préparer sa croix pour le lendemain matin. Il ne fallait pas être pris de cours par un "détail matériel".

En ce qui concerne le lieu de fabrication de la croix, d'après Anne Catherine Emmerich, les esclaves qui réalisent la croix se trouvent aux alentours de la maison de Caïphe ; là où se déroula le premier interrogatoire. Pas dans l'enceinte du Temple.

A la vision du film, rien ne permet de dire que l'interrogatoire de Jésus par Caïphe se déroule dans le Temple plutôt que dans sa maison. L'affirmation des historiens (ou des journalistes) est tendancieuse.

 

3-Les 20 minutes de flagellation d'un réalisme insoutenable,
l'horreur justifiée ?

Laissons Anne Catherine Emmerich décrire ce qu'elle voit :

" Des soldats romains étaient postés en différents endroits. Le peuple juif se tenait à quelque distance du lieu de la flagellation. Beaucoup de gens de la populace allaient et venaient auprès de la colonne; les uns gardaient le silence, d'autres insultaient le Seigneur: quelques-uns se sentirent touchés, et il semblait qu'un rayon partant de Jésus venait jusqu'à eux.

Je vis d'infâmes jeunes gens presque nus qui préparaient des verges fraîches près du corps de garde: d'autres allaient chercher des branches d'épines. Quelques archers des princes des prêtres vinrent trouver les exécuteurs et leur donnèrent de l'argent. On leur apporta aussi une cruche pleine d'une liqueur rouge et épaisse, dont ils burent jusqu'à s'enivrer, et même jusqu'à tomber en frénésie.

Au bout d'un quart d'heure, les deux bourreaux, qui flagellaient Jésus furent remplacés par deux autres. Le corps du Sauveur était couvert de taches, noires, bleues et rouges, et le sang sacré coulait en abondance. Les insultes et les moqueries se faisaient entendre de tous côtés.

La nuit avait été extrêmement froide, et le ciel était resté couvert durant toute la matinée; il était même tombé un peu de grêle, au grand étonnement du peuple.

Le second couple de bourreaux fondit sur Jésus avec une nouvelle rage. Ils frappaient avec des branches d'épines garnies de nœuds et de pointes. Leurs coups déchiraient le corps sacré du Sauveur; son sang jaillit , de tous côtés et les bras des bourreaux en furent arrosés. Jésus, dans son angoisse, priait, gémissait et tremblait […]

Deux nouveaux bourreaux frappèrent le Seigneur avec des fouets. C'étaient de petites chaînes ou des lanières fixées au bout d'un manche de fer, et terminées par des crochets de même métal, qui s'enfonçaient dans la chair et en arrachaient des lambeaux. Hélas ! hélas! qui pourrait décrire cet horrible et lamentable spectacle! Ils n'avaient cependant point encore assouvi leur rage. Ils délièrent Jésus et l'attachèrent de nouveau, le dos contre la colonne ; mais comme il était épuisé au point de ne pouvoir se tenir debout, ils lui passèrent des cordes autour de la poitrine, sous les bras et au-dessous des genoux, et lièrent ses mains derrière la colonne. Alors les bourreaux se jetèrent sur lui comme des chiens enragés, et l'un d'eux le frappa au visage avec une verge plus flexible. Le corps de Jésus n'était plus qu'une plaie. Il regardait ses bourreaux avec des yeux pleins de sang comme pour demander miséricorde; mais leur rage augmentait toujours, tandis que les gémissements du Seigneur devenaient de plus en plus faibles.

L'épouvantable flagellation durait depuis trois quarts d'heure, quand un humble étranger, parent de Ctésiphon (l'aveugle-né guéri par Jésus), se précipita sur la colonne avec un couteau en forme de faucille, et cria d'une voix indignée: " Arrêtez ! ne frappez pas cet innocent jusqu'à le faire mourir ! " Alors les bourreaux ivres s'arrêtèrent saisis d'étonnement. Il coupa rapidement les cordes qui liaient le Seigneur, et qui étaient attachées toutes ensemble derrière la colonne; puis il se perdit dans la foule. Jésus tomba évanoui au pied de la colonne, sur le sol tout baigné de son sang. Les bourreaux le laissèrent là sans le relever, et se mirent à boire après avoir appelé leurs aides, qui étaient occupés dans le corps de garde à tresser la couronne d'épines. "

La flagellation a duré 45 minutes ! Jésus n'a pas reçu quelques coups symboliques comme pourrait le laisser penser les nombreux tableaux illustrant la crucifixion. Il a été sauvagement battu ! Presque battu à mort ! Il est couvert de sang. Son corps est en lambeaux.
Même insoutenable, la flagellation présentée dans le film est le reflet fidèle de celle que Jésus-Christ a subit d'après les visions d' Anne Catherine Emmerich.


La grande qualité du film est de restituer la force du sacrifice de Jésus-Christ. Pour racheter les péchés de l'humanité, son sacrifice était nécessairement exemplaire.

 

Un sacrifice : pourquoi faire ?

Dans la Torah, Dieu demande que toute faute, tout péché volontaire comme involontaire soit racheté. Voici un extrait du texte du Lévitique 5 : 20-26 (qui concerne le péché volontaire).


" 20 Yahvé parla à Moïse en ces termes :
21 Lorsqu'une personne pèche et commet une infidélité envers Yahvé, soit qu'elle mente à son prochain au sujet d'un dépôt, d'une chose confiée à sa garde, ou d'un objet volé, soit qu'elle fasse violence à son prochain; 22 ou si, trouvant un objet perdu, elle ment à son sujet; si elle prête un faux serment en l'une quelconque des choses par où l'homme peut pécher, 23 il faudra, puisqu'elle a péché et s'est rendue coupable, qu'elle restitue la chose qu'elle a dérobée ou qu'elle a extorquée, le dépôt qui lui a été confié, l'objet perdu qu'elle a trouvé, 24 ou la chose quelle qu'elle soit, au sujet de laquelle elle a prêté un faux serment. Elle la restituera intégralement, en y ajoutant un cinquième, et elle la remettra à son propriétaire le jour de son sacrifice de culpabilité. 25 Puis elle amènera à Yahvé son sacrifice de culpabilité: un bélier sans défaut pris sur le troupeau d'après ton estimation, en sacrifice de culpabilité remis au prêtre. 26 Le prêtre fera l'expiation pour elle devant Yahvé, et il lui sera pardonné, quelle que soit la faute dont elle s'est rendue coupable. " (Osty)

Il est manifeste que pour être pardonné, il faut à la fois :
- restitution (ou réparation),
- sacrifice.

Saint Paul dans sa lettre aux Hébreux nous précise que le sacrifice de Jésus Christ est " unique " et inaltérable.
Hébreux 10 :11-14" Tout prêtre se tient debout chaque jour pour faire le service et offrir maintes fois les mêmes sacrifices qui ne peuvent jamais ôter les péchés. Mais [le Christ], après avoir offert pour les péchés un sacrifice unique, s'est assis pour toujours à la droite de Dieu, attendant désormais que ses ennemis soient mis comme marchepied de ses pieds. Car par une offrande unique, il a rendu parfaits pour toujours ceux qui sont sanctifiés. " (Osty)


La foi chrétienne permet aussi le pardon des péchés. Jésus était le "sacrifice unique". Il n'est plus nécessaire de sacrifier un animal, mais il faut tout de même la réparation et le pardon de la victime, ou le pardon d'un prêtre si le repentir est sincère.

Jean 20 :23 " les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez. " (Osty)

 

Un article diffamatoire du magazine Télérama m'oblige à répondre.

"Une historienne américaine réagit au film "UNE VISION MÉDIÉVALE"

Historienne des débuts du christianisme, professeur au département des religions à l'université de Boston, Paula Fredriksen est une spécialiste interrogée dans la série de Gérard Mordillat et de Jérôme Prieur. Elle a vu le film de Mel Gibson et suivi de près la polémique qui l'a entouré aux Etats-Unis.


Impressions.
Télérama : Quelle lecture, selon vous, Mel Gibson fait-il des Evangiles ?

Paula Fredriksen: Sa lecture de la Passion est médiévale. Il se focalise sur la flagellation de Jésus qui, dans les Evangiles, tient en une phrase. En mettant ainsi en avant la violence et le sang, il laisse entendre que c'est la terrible souffrance subie par le Christ qui sauve les hommes, et non pas la nature sacrificielle de sa mort. Un point de vue qui diffère nettement de celui des Evangiles et des Pères de l'Eglise, saint Augustin notamment, qui mettent l'accent sur le sacrifice.

Mon commentaire : La scène de flagellation n'est pas définissable par les Evangile ; effectivement elle tient en une seule phrase. Si l'on excepte le témoignage d'Anne Catherine Emmerich ou du linceul de Turin, comment savoir si la flagellation montrée par Mel Gibson est réaliste ?

Les Evangiles permettent de répondre. Jésus est mort plus vite que les larrons qui auront les jambes brisées à l'approche du sabbat. Pilate en est même étonné (Marc 15 :44). On peut s'étonner nous aussi que le Fils de Dieu, dont la nature divine aurait dû lui conférer une résistance supérieure à celle des larrons, soit mort le premier. Si tel est le cas, c'est probablement une conséquence de la violence des mauvais traitements dont il a été la victime.


Télérama :
Que faut-il penser de la reconstitution historique ?

Paula Fredriksen : Une transcription littérale des Evangiles aurait sans doute abouti à un meilleur film, car ils livrent plus d'informations historiques que La Passion de Mel Gibson. Sa recette, c'est une cuillerée de l'Evangile de Jean, une de Matthieu et deux grosses louches d'Anne-Catherine Emmerich, une nonne allemande du début du XlXe siècle dont les visions ont été retranscrites - avec beaucoup d'imagination - par le poète Clemens Brentano. Du coup, les erreurs sont nombreuses. L'usage du latin, par exemple, qui est censé donner au film son label "authentique", est un contresens. Le seul personnage dont on connaît avec certitude l'origine italienne est Ponce Pilate. Ses soldats étaient pour la plupart des "gentils" locaux, originaires de villes fondées trois siècles plus tôt par Alexandre le Grand. La langue de l'administration romaine dans cette région était le grec, pas le latin. J'ajoute que les cohortes romaines, les costumes des soldats juifs (tout droit sortis de l'opéra Nabucco) et le discours de Pilate à la foule des juifs m'ont beaucoup amusée: on se croirait dans La Vie de Brian, des Monty python...

Mon commentaire : Comme de bien entendu, cette "spécialiste" parle d'Anne Catherine Emmerich alors qu'elle ne la connaît pas ! Elle colporte encore des affirmations éculées à propos de la retranscription des visions par Clemens Brentano. (Voir "Comment ses visions ont été rédigées ?".)

Tout d'abord, les Evangiles ne sont pas assez précis pour suivre tous les évènements lors de la Passion. Pour s'en convaincre , il suffit de voir tous les avis discordants présentés par une émission comme " Corpus Christi " (série de Gérard Mordillat et de Jérôme Prieur diffusée sur Arté) !

Si Mel Gibson utilise le latin, c'est un choix qui lui est propre. Anne Catherine Emmerich n'y est pour rien ! Les costumes sont aussi le choix de l'équipe artistique du film dirigée par Maurizio Millenotti. Voici ce qu'en dit Anne Catherine :
" La troupe chargée d'arrêter le Seigneur se composait de vingt hommes, pris soit dans la garde du temple, soit parmi les archers d'Anne et de Caïphe. Leur costume était à peu près semblable à celui des soldats romains. Ils avaient comme eux des morions et des courroies pendantes autour des cuisses ; ils s'en distinguaient surtout par la barbe, car les romains qui habitaient Jérusalem n'en avaient que sur les joues, et leurs lèvres et leur menton étaient rasés. Tous les vingt étaient armés d'épées […] " (Visions tome 3 p183-184)
Les soldats romains pouvaient très bien parler le latin car d'après Anne Catherine : " Les soldats romains qui accompagnaient le cortège [depuis le forum] venaient des contrées situées entre la Suisse et l'Italie. "
A aucun moment je n'ai été amusé dans ce film. Il est inconvenant de faire référence à cette satire de la vie de Jésus qu'est "La Vie de Brian" en parlant de "la Passion du Christ".


Télérama :
On a reproché à Mel Gibson d'avoir rendu Pilate sympathique, de l'avoir " blanchi" en quelque sorte. N'est-ce pas ainsi que le présentent les Evangiles ?

Paula Fredriksen : Ça dépend des textes. Chez Marc, on ne trouve pas de description psychologique de Pilate. C'est seulement chez Jean qu'apparaît le dialogue philosophique où Jésus finit par " ordonner " à Pilate de le crucifier. Mel Gibson, lui, fait du gouverneur un personnage angoissé, fragile, une espèce de Hamlet, finalement sympathique, en effet, comparé à la vilenie des prêtres juifs.
Pourtant, c'est bien Pilate qui a ordonné la crucifixion, un supplice strictement romain. Là encore, Gibson s'inspire d'Emmerich, qui vivait, rappelons-le, à une époque où, en Allemagne, les juifs n'étaient pas bien perçus...

Mon commentaire : Pour le lecteur de l'Evangile de Jean, Pilate " eut encore plus peur ", il " cherchait à le relâcher ". Dans l'Evangile de Luc Pilate dit : " […] Je le relâcherai donc, après l'avoir corrigé. " ce qui n'a pas été le cas. Il était donc bien " angoissé " et " fragile " !
A aucun moment, dans les 3 tomes qui racontent sa vie, Anne Catherine Emmerich ne porte de jugement négatif sur les Juifs de son pays ? Par contre, elle est moins tendre avec les " démolisseurs " de l'Eglise.

Télérama : L'accusation d'antisémitisme est donc valide?

Paula Fredriksen : Mel Gibson fait des choix discutables. Un seul exemple: l'arrestation de Jésus. Dans l'Evangile de Jean, il est arrêté par des soldats romains guidés par des gardes du Temple (" les soldats accompagnés d'agents des prêtres juifs ", dit le texte). Au 1er siècle, le mot grec pour ces soldats désigne toujours les cohortes romaines. Gibson, lui, décide que c'étaient des soldats juifs...

Mon commentaire : Quel scandale d'accuser Mel Gibson d'antisémitisme sur l'interprétation du mot " soldat ". N'y avait-il que des soldats romains en Palestine ? L'Evangile de Jean dit : " Judas donc, emmenant la cohorte et des gardes fournis par les grands prêtres et les Pharisiens […]". L'Evangile de Marc dit : "survient Judas, un des Douze, et avec lui une foule avec des glaives et des bâtons, venant de la part des grands prêtres […]". Peut-on imaginer une seule minute des soldats romains au milieu d'une foule armée de bâtons sans un centurion romain à leur tête pour diriger les manœuvres ? Peut-on croire que, une fois Jésus arrêté, les soldats romains vont le livrer à Caïphe et pas à Pilate ? On est en plein délire !

[…]

Propos recueillis par Olivier Pascal-Moussellard (Télérama)


Il est difficile de ne pas être révolté par tant de propos tendancieux !

Tout ça dans le seul but de diffamer le film de Mel Gibson !

Jésus nous met bien en garde dans l'Evangile de Matthieu 11 :25-27 :
" La révélation réservée aux simples
25 En ce temps-là, prenant la parole, Jésus dit: " Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as caché cela aux sages et aux intelligents, et l'as révélé
aux enfants. 26 Oui, Père, parce que tel a été ton bon plaisir. 27 Tout m'a été remis par mon Père, et personne ne reconnaît le Fils si ce n'est le Père, personne non plus ne reconnaît le Père si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. " (Osty)

Il faut se méfier des "spécialistes" en tout genre.

En parlant d'Anne Catherine Emmerich, ce témoignage m'interpelle :

" Elle voyait en même temps Adam et Eve en Eden, la chute des anges et la chute de l'homme, parlait d'Abraham et des Patriarches comme s'ils eussent été des anciens du village.
'Mon enfant, d'où t'est venu tout cela? - Père, cela est ainsi! Je le vois ainsi' Je m'imaginais, dira-t-elle plus tard, que tous voyaient ces choses, de même que les objets qui nous environnent. " (Raoul Auclair)

 

Un triste revirement de situation!

En 2010 est sorti le Bluray Disc du film. Alors que le DVD édité après la sortie en salle du film ne comportait pas de bonus à l'exception de la bande annonce, ce Bluray Disc comporte de nombreux bonus passionnants sous le titre: "Par ses blessures, nous sommes guéris".

mel gibson

Mel Gibson

Lorsque Mel Gibson aborde le sujet de ses sources d'inspiration, à aucun moment il ne cite Anne Catherine Emmerich. A l'exception de la scène de la rencontre de Jésus et de sa mère pendant le chemin de croix où Jésus lui dit "Tu vois, mère, je renouvelle tout", qui s'inspire de Révélation (ou Apocalypse) 21:5, Mel Gibson affirme : "A part ça, on a très peu dévié des Evangiles Synoptiques".

Quel choc! C'est bien-sûr totalement faux. Les scènes du film reproduisent trop fidèlement le récit de la Passion que fait Anne Catherine Emmerich pour avoir le moindre doute. De plus Mel Gibson a laissé dans le générique de fin un détail qui est exclusivement révélé par Anne Catherine Emmerich: le nom original de Sainte Véronique qui est Séraphia. Ce nom ne figure dans aucun Evangile ni dans la tradition chrétienne. De plus, la rencontre de Jésus et de Sainte Véronique n'est relatée dans aucun des 4 Evangiles canoniques. Il est seulement rapporté dans le Chemin de Croix à la 6ème station, en écho à la tradition chrétienne. Seule Anne Catherine parle de cette petite fille qui accompagne Sainte Véronique et des circonstantes de cette rencontre reproduites fidèlement dans le film.

seraphia1

Actrice incarnant Sainte Véronique / Séraphia et son identité au générique de fin:

seraphia2

Mel Gibson a, peut-être par lâcheté, cédé à des pressions pour "oublier" sa source d'inspiration principale. C'est extrêmement regrettable alors que cet acteur a si souvent incarné des héros courageux. Il n'en demeure pas moins que le film est excellent et reste une transcription visuelle magnifique des récits sur la Passion faits par Anne Catherine Emmerich.

 

 

Quelle est la chronologie de la Passion du Christ ?

Retrouvez en détail la chronologie des événements avec des photos extraites du film

 

Découvrez Anne Catherine Emmerich Retour

Heinrich Holtmann (1926)

" Et moi je suis morte, je ne suis qu'un esprit; autrement je ne pourrais voir ces choses, car elles n'existent pas maintenant, et cependant maintenant elles existent. Mais cela n'existe pas dans le temps; en Dieu il n'y a pas de temps, en Dieu tout est présent ; je suis morte, je suis un esprit. " (Anne Catherine Emmerich)