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QUI ETAIT ANNE CATHERINE EMMERICH ?

La plus grande visionnaire de tous les temps

 

Qui était Judas Iscariote ?

 

 

Le baiser de Judas Iscariote, anonyme du XIIe siècle, galerie des Offices, Florence

En 2006, Judas est projeté sur le devant de la scène grâce à la publication de "son évangile" : l'Evangile de Judas.
La publication de ce texte s'est accompagnée d'un battage médiatique tonitruant dans les journaux télévisés et à travers de nombreuses revues.

On peut même lire sur le site des éditions Flammarion :
"L'Evangile de Judas, le manuscrit authentique qui réhabilite Judas

C'est une extraordinaire découverte qui risque d'agiter fortement l'Église : " Le récit secret de la révélation faite par Jésus en s'entretenant avec Judas Iscariote… " tels sont les premiers mots d'un nouvel Évangile, totalement inconnu et de première importance, qui manquait d'être perdu pour toujours. La surprise est de taille : cet Évangile contredit les quatre Évangiles canoniques en racontant comment Jésus s'est adressé à Judas, l'a jugé le meilleur de ses disciples et lui a ordonné de le livrer aux autorités : "Tu les surpasseras tous. Car tu sacrifieras l'homme qui me revêt". "


http://editions.flammarion.com/judas/


Faut-il croire que cet évangile "secret" est "authentique", "de première importance" et qu'il va "agiter fortement l'Église" ?
Est-ce justifié ou est-ce par pur mercantilisme ?

 

 

LA DECOUVERTE DE L'EVANGILE DE JUDAS

Sur le site du diocèse de Nanterre, on peut lire à propos de cette découverte :
" C'est un manuscrit sur papyrus découvert dans une grotte du désert de haute Égypte dans les années 70. Il comporte 25 feuillets en assez mauvais état. Il est passé de main en main dans le monde trouble des antiquaires. En 2001, Mario Jean Roberty achète le document pour la Fondation Maecenas, de Bâle, qu'il dirige. Il confie l'étude du texte à une équipe de chercheurs sous la direction du professeur Rodolphe Kasser. Le texte a été authentifié par la datation au carbone 14 et par l'analyse de l'encre du manuscrit. Le manuscrit est écrit en copte dialectal, l'antique langue des chrétiens d'Égypte. Il a été restauré et traduit par Rodolphe Kasser ancien professeur de coptologie à l'université de Genève. "

Fragments du papyrus, documentaire "l'Evangile selon Judas", National Geographic


Ce n'est pas la seule copie qu'il existe de ce texte, en effet on trouve ensuite :
" Une copie de la version plus ancienne rédigée en grec, a été découverte par un paysan près de El Minya dans le désert égyptien en 1978. Elle fait partie d'un papyrus d'une soixantaine de feuillets (entre 62 et 66 suivant les sources) appelé "Codex de Tchacos", qui contient également 2 autres textes apocryphes : l'Épître de Pierre à Philippe et la Première Apocalypse de Jacques. (par Jean-Paul) "

 

 

SON ORIGINE

En ce qui concerne son origine, il est écrit :
" Le manuscrit est du 3ème ou du début du 4ème siècle. Le texte copte est une traduction d'un texte grec perdu composé entre 130 et 180 après J.C. Il était connu par St Irénée, premier évêque de Lyon, vers l'an 180. Celui ci en parle dans son traité "Contre les hérésies" en dénonçant le caractère hérétique de cet évangile qui est inspiré par le gnosticisme.
Selon Irénée, l'Évangile de Judas serait l'œuvre principale d'une secte appelée "Les Caïnites" (les héritiers de Caïn). En parlant de cette secte, Irénée a écrit : "ils déclarent que Judas le traître était bien avisé de ces choses, et que lui seul, connaissant la vérité comme aucun autre, a accomplit le mystère de la trahison. Ils ont produit une histoire fictive de ce genre, qu'ils ont appelé l'Évangile de Judas". "

Cet "Evangile de Judas" n'était donc pas du tout secret ! Ce n'est que l'œuvre d'une secte gnostique de l'antiquité. Qu'est-ce que la gnose ?

 

LA GNOSE

" La gnose est un courant de pensée complexe qui a pris des formes diverses et comporte différents aspects. C'est d'abord une philosophie ésotérique ou l'on trouve le salut par l'initiation aux mystères cachés. C' est aussi une conception dualiste qui oppose l'esprit et la matière qui est mauvaise, en particulier l'âme est emprisonnée dans un corps mauvais.

Pour la gnose, le Dieu véritable est caché aux yeux des hommes par un dieu inférieur créateur du monde, le dieu de la Bible. La gnose rejette donc le dieu de l'Ancien testament qu'elle considère comme un démiurge diabolique. Il est méchant et jaloux. Ce démiurge est responsable de toute les imperfections du monde. Le monde crée est infecté par le mal, les ténèbres et le péché. Pour la gnose, Jésus est un maître spirituel chargé de guider les hommes vers la connaissance du vrai Dieu caché. Jésus n'est pas le fils du dieu de l'Ancien Testament, mais de Seth, le troisième fils d'Adam. Seth fait partie d'une autre catégorie de divinités, au sommet de laquelle trône Barbelo, un dieu androgyne.
Le mouvement gnostique est apparu au alentour de 70 après J-C et c'est développé jusqu'au 4ème siècle. Il comprend de nombreuses sectes. Le monde chrétien était très divers à ses début. Après 313, date ou le culte chrétien est autorisé par l'empire romain, l'Église à écarté les textes gnostiques du canon officiel des textes bibliques et les appelé apocryphes. Beaucoup de manuscrits de ces textes ont peu à peu disparu."

Fragments numérisés du papyrus, documentaire "l'Evangile selon Judas", National Geographic


LES CAÏNITES

Des informations sur cette secte sont aussi présentées :
" Les Caïnites, membres d'une secte apparue vers l'an 159, vénéraient Caïn et les Sodomites, et possédaient un évangile de Judas dans lequel ce dernier était présenté comme un initié ayant trahi Jésus, à sa demande, pour assurer la rédemption de l'humanité […] Dans son Panarion (1,31), Épiphane de Salamine (v. 315-403) confirme que cet "évangile" fait partie des écritures de la secte gnostique des Caïnites. Les Caïnites avaient pour Judas une vénération particulière et le louaient comme un homme admirable : le plus illustre des fils de Caïn […]
Les partisans de cette doctrine […] honoraient tous ceux que l'Ancien Testament avait condamnés : Caïn, Esaü, Coré, les Sodomites ; ils les regardaient comme des enfants de la sagesse et des ennemis du principe créateur. Dans leurs livres saints, comme l'Evangile de Judas et le récit de l'Ascension de saint Paul, les Caïnites avaient inséré des choses horribles. Ils prétendaient que la perfection consistait à commettre le plus d'infamies possibles. D'après Théodoret (+ vers 453/458), ils affirmaient que chacune des actions infâmes avait un ange tutélaire qu'ils invoquaient en la commettant. Une femme de cette secte, nommée Quintille, étant venue en Afrique du temps de Tertullien (155-225), s'y fit beaucoup d'adeptes, qui prirent le nom de quintillianistes. Tertullien indique que Quintille avait ajouté des pratiques abominables aux infamies des Caïnites." (par Jean-Paul)

D'autres renseignements détaillés sont donnés sur ce site
http://catholique-nanterre.cef.fr/faq/fetes_jeudi_saint_judas2.htm#TEXTE

Etant donné le profil de cette secte, il faut considérer cet "évangile" avec prudence. C'est le témoignage d'un courant de pensée sectaire à une époque. Il n'a pas perduré.
Ceci explique la rareté de ce texte bien mieux qu'une soi-disant volonté de l'Eglise de le cacher. Vouloir faire de "l'évangile de Judas" une source plus fiable que les Evangiles canoniques tient plus de la manipulation médiatique que de la recherche de la vérité.

Mais qui était Judas ?

 

JUDAS DANS LES EVANGILES

Dans les Evangiles canoniques Judas est présenté comme l'un des 12 apôtres de Jésus :

" Et lorsqu'il fit jour, il [Jésus] appela ses disciples, et il en choisit douze, ceux-là même qu'il nomma Apôtres : […] et Judas Iscarioth, qui devint un traître. " (Luc 6 :13-16, Osty)

On trouve aussi en Marc 3 :19 (comme en Matthieu) l'expression "celui-là même qui le livra". Tous les évangélistes s'accordent dès le début pour présenter Judas comme "le traître".

Pour plus de détails sur cette trahison, dans les récits de la Passion, on peut lire
- le récit des tractations avec les grands prêtres en Matthieu 26 :14 à 16,
- celui de l'arrestation de Jésus en Matthieu 26 :47 à 56, et
- la mort de Judas en Matthieu 27 :3 à 10 et Actes des Apôtres 1 :18 à 20.


Mais on sait bien peu de chose sur les origines, la personnalité ou les motivations (autres que pécuniaires) de Judas.


 

JUDAS DANS LA LEGENDE DOREE

Documentaire "l'Evangile selon Judas", National Geographic

Dans la Légende dorée, Jacques de Voragine nous dresse le portrait de Judas d'après une source apocryphe (non reconnnue ou non fiable).

" Certaine histoire, qui malheureusement est apocryphe et ne mérite que peu de créance, raconte à ce sujet ce qui suit :

Il y avait à Jérusalem un homme appelé Ruben (et de son autre nom Simon) de la tribu de Dan (ou, selon saint Jérôme, de la tribu d'Issachar) et marié à une femme nommée Ciborée. Or, une nuit, après que les deux époux eussent accompli le devoir conjugal, Ciborée s'étant endormie, eut un songe dont elle s'éveilla tout effrayée, avec des gémissements et des soupirs. Et elle dit à son mari: " J'ai vu en rêve que j'enfantais un fils monstrueux, qui devait causer la perte de toute notre race. " Et Ruben: " Quelle sottise scandaleuse tu dis là ! Le diable, sans doute, te fait délirer! " Mais elle: " Si notre acte de cette nuit a pour effet que je conçoive un fils, ce sera la preuve que je ne suis point victime d'une illusion diabolique, mais que mon rêve est bien la révélation de la vérité! "
Et comme, neuf mois après cette nuit, elle mit au monde un fils, son mari et elle furent épouvantés, et ne surent que faire: car ils avaient horreur de tuer leur enfant, et, d'autre part, ne pouvaient consentir à nourrir le futur destructeur de leur race. Ils décidèrent enfin de poser l'enfant dans un petit panier et de le laisser aller au gré des flots. Et ceux-ci poussèrent le panier jusqu'à une île nommée Iscarioth , d'où viendrait le nom de Judas Iscarioth donné à l'apôtre maudit.

Et la reine de celle île, qui n'avait point d'enfants, ayant aperçu le panier pendant qu'elle se promenait sur le rivage, le fit tirer de l'eau, et s'écria, quand elle vit l'enfant: " Oh! comme je serais heureuse d'avoir un tel enfant, afin que mon trône, après moi, ne restât pas vide! " Et elle fit nourrir l'enfant en cachette, et feignit d'être enceinte, et présenta l'enfant comme son fils, ce qui fut fêté par tout le royaume. Le roi, enchanté d'être père, fit élever l'enfant avec toute la magnificence qui convenait à son rang.
Or, peu de temps après, la reine fut vraiment enceinte du fait de son mari, et mit au monde un fils. Les deux enfants furent élevés ensemble; mais Judas, dans leurs jeux, injuriait et battait souvent l'enfant royal, et le faisait pleurer: sur quoi la reine, qui savait qu'il n'était pas son fils, le faisait très souvent battre à son tour. Mais rien ne parvenait à corriger le méchant enfant. Un jour enfin toute la vérité se découvrit, et l'on sut que Judas n'était pas le vrai fils du roi. Alors Judas, plein de honte et de jalousie, tua secrètement le vrai fils du roi, son frère supposé. Puis, craignant d'en être puni, il s'enfuit avec ses familiers à Jérusalem, où le préfet Pilate (tant on a raison de dire que qui se ressemble s'assemble) reconnut en lui un caractère pareil au sien, et se prit pour lui d'une vive affection.


Voilà donc Judas régnant en maître à la cour de Pilate. Et un jour, Pilate, considérant un champ de pommes voisin de son palais, éprouva un extrême désir de goûter aux pommes de ce champ. Or ce champ appartenait à Ruben, le père de Judas; mais ni Judas ne connaissait son père, ni celui-ci ne savait que Judas était son fils. Et Judas, voyant le désir de Pilate, entra dans le champ et cueillit des pommes. Et comme Ruben le surprit, tous deux commencèrent par s'injurier, puis en vinrent aux coups; et Judas finit par tuer Ruben en le frappant d'une pierre sur la nuque. Après quoi il porta les pommes à Pilate et lui raconta ce qui s'était passé. Et lorsque la mort de Ruben fut connue, Pilate donna à son favori Judas tous les biens du mort, et le maria avec la veuve de celui-ci, qui n'était autre que sa mère Ciborée.
Un soir, Ciborée soupirait si tristement que Judas, son nouveau mari, lui demanda ce qu'elle avait. Elle lui répondit: " Hélas! je suis la plus malheureuse de toutes les femmes! J'ai dû noyer mon unique enfant, on m'a tué mon mari, et, pour comble de misère, Pilate m'a forcée à me remarier malgré mon deuil! " Elle raconta alors l'histoire de l'enfant; et Judas lui raconta toutes ses aventures; et ils découvrirent ainsi que Judas avait tué son père et épousé sa mère.
Alors, sur le conseil de Ciborée, le misérable voulut faire pénitence, et, étant allé trouver Notre-Seigneur Jésus-Christ, il implora de lui le pardon de ses péchés.
Voilà ce qu'on lit dans cette histoire apocryphe. "
(La légende dorée, Editions du Seuil, 1998)

Jacques de Voragine émet à juste titre des réserves à propos de ce texte qualifié d' "apocryphe" (non fiable). Cette histoire paraît peu crédible. Judas, enfant maudit, recueilli par le roi de l'île d'Iscarioth (en pleine occupation romaine?), qui devient le proche ami de Ponce Pilate, puis finit par tuer son propre père pour se marier avec sa mère : c'est à dormir debout !
Si cette histoire repose sur un fond originel exact, elle a été déformée par des conteurs fort peu scrupuleux.

 

 

 

LE PORTRAIT DE JUDAS PAR AC EMMERICH

Loin des élucubrations apocryphes rapportées dans " La légende dorée ", le témoignage d'AC Emmerich est passionnant par la précision du portrait qu'elle fait de Judas

" Judas Iscariote les avait accompagnés à Méroz, mais il s'était arrêté dans une maison de la ville où il logeait souvent. Barthélemy et Simon parlèrent de lui au Seigneur, disant qu'ils le connaissaient, que c'était un homme instruit, habile et serviable, et qu'il désirait beaucoup d'être admis au nombre de ses disciples. Jésus, après les avoir ouïs, se prit à soupirer et parut tout attristé. Comme ils lui en demandaient la cause, Jésus répondit: " ce n'est pas encore temps d'en parler, mais il faut réfléchir. "
Judas Iscariote, âgé alors d'environ vingt-cinq ans, était de taille moyenne et d'assez bonne mine; il avait les cheveux très noirs et la barbe roussâtre, s'habillait avec soin et avec plus d'élégance que le commun des Juifs; il était grand parleur, serviable et se donnant des airs d'importance.
Dans ses entretiens, il s'appliquait à faire croire qu'il avait des rapports intimes avec de grands et de saints personnages, et parlait avec outrecuidance là où il n'était pas connu. Mais si des personnes mieux informées venaient à le démentir, il se retirait tout confus. Ambitieux, avide d'honneurs et d'argent, il avait toujours cherché à faire fortune, aspirant vaguement et sans trop se l'avouer à quelque dignité, aux distinctions, à la richesse.


La vie publique de Jésus avait fait une grande impression sur lui: Il voyait les disciples nourris, et le riche Lazare dévoué à Jésus ; on croyait que le Sauveur établirait un royaume. Tout le monde parlait du roi d'Israël, du Messie, du Prophète de Nazareth ; les miracles et la sagesse de Jésus étaient dans toutes les bouches. Judas avait donc grande envie d'être appelé son disciple et de participer un jour à sa gloire, qu'il pensait devoir être de ce monde. Depuis longtemps déjà il était allé partout prendre des renseignements sur lui, et répandre de ses nouvelles. Étant allé récemment dans l'île de Chypre, il y avait fait des récits multipliés sur Jésus et sur ses miracles, ce qui avait rendu les Juifs et les païens de ce pays très désireux de le voir. Plus tard, il avait fait la connaissance de plusieurs disciples; et enfin il se trouvait tout près de lui. Il désirait particulièrement être de sa suite, à cause de sa position précaire et de ses connaissances, bien imparfaites cependant. Il s'était occupé de commerce, mais il y avait presque épuisé sa fortune paternelle. Dans ces derniers temps, il s'occupait de toute espèce de commissions, d'affaires et de courtages pour nombre de personnes, montrant beaucoup de zèle et d'habileté.


Son père était mort, et son oncle Siméon était cultivateur à Iscariot, village d'environ vingt maisons, situé à peu de distance, au-devant de la ville de Méroz. Ses parents, qui menaient une vie errante, y avaient demeuré quelque temps; il y était resté longtemps après leur mort, et c'est de là que lui venait le nom d'Iscariote.
Sa mère, qui avait été danseuse et chanteuse, était de la famille de la femme de Jephté, du pays de Tob. Elle s'était aussi adonnée à la poésie, composant des chansons et des contes qu'elle chantait en s'accompagnant de la harpe. Elle avait donné des leçons de danse à des jeunes filles et colporté de ville en ville des modes et des parures de femme.
Son mari était absent lorsqu'elle conçut, dans le voisinage de Damas, ce malheureux enfant, fruit d'une liaison coupable. Après être accouchée de Judas à Ascalon, elle s'en débarrassa. Judas fut exposé comme Moïse au bord d'une rivière, peu de temps après sa naissance, et l'on s'y prit si bien, qu'il fut recueilli par de riches gens sans enfants, qui lui donnèrent une bonne éducation. Plus tard il tourna mal, et par suite d'une supercherie il fut mis en pension chez sa propre mère. J'ai une idée confuse que le mari de sa mère, un Juif de Pella, le maudit en apprenant de qui il tenait le jour.
Il n'était pas encore complètement corrompu, mais il parlait trop et manquait de caractère. Il n'était ni libertin ni impie; au contraire, il observait exactement toutes les cérémonies prescrites par la loi. Je vis en lui un homme qui pouvait aussi facilement tourner au bien qu'au mal. Malgré son adresse, sa prévenance et son obligeance rares, sa figure avait une expression triste et sombre qui provenait de son avidité, de ses désirs désordonnés et de l'envie secrète que lui inspiraient les vertus des autres. " (VNSJC 2 pages 53-55)

Il est assez étonnant de constater que la Légende dorée a certaines similitudes avec les visions d'AC Emmerich. Les parents de Judas n'étaient point pieux mais sa mère a bien abandonné son fils au bord d'une rivière. Judas fut effectivement recueilli par des gens riches sans enfant. Après avoir mal tourné il revint auprès de sa mère. Il vécut à Iscariot qui était un petit village d'une vingtaine de maisons et non pas un royaume insulaire.

Judas n'a rien du "fils monstrueux" dépeint dans la Légende dorée. C'est un Juif pieu et pratiquant qui, comme beaucoup de ses contemporains, espère en Jésus un Messie glorieux qui libérera Israël du joug romain. Judas aspire à occuper un poste important et gratifiant dans le futur royaume d'Israël. Les autres Apôtres ont aussi cet espoir.

 

 

Anne Catherine explique le geste de Judas :

" Judas n'avait pas prévu l'effet que sa trahison devait produire. En livrant son maître, il avait voulu gagner "le salaire de l'iniquité" et se rendre agréable aux pharisiens. Il ne supposait pas qu'ils pousseraient leurs persécutions jusqu'au jugement et au crucifiement du Seigneur. L'argent seul préoccupait son esprit, et depuis longtemps il s'était mis en rapport avec quelques intrigants pharisiens et saducéens, qui, par leurs flatteries, l'avaient excité à accomplir sa trahison. Il était las de la vie fatigante, errante et persécutée que menaient les apôtres. Depuis plusieurs mois, il avait préludé à son crime en volant les aumônes confiées à ses soins, et sa cupidité, irritée par la prodigalité de Madeleine lorsqu'elle oignit Jésus de parfums, mit enfin sa patience à bout. Il avait toujours espéré que Jésus établirait un royaume terrestre et qu'il y obtiendrait un emploi brillant et lucratif; se voyant trompé dans ses espérances, il voulait amasser une fortune. Comme la persécution croissait toujours, il songea, avant l'approche du danger, à se mettre bien avec le grand prêtre et tous les plus puissants ennemis du Seigneur, dont le prestige l'éblouissait. Il se livrait de plus en plus à leurs affidés qui le flattaient de toutes manières et lui disaient avec assurance que, quoiqu'il arrivât, ou en finirait bientôt avec Jésus. Dans ces derniers jours, il s'était donné beaucoup de mouvement pour déterminer les princes des prêtres à agir. Ceux-ci ne voulaient pas encore accepter ses propositions, et ils le traitaient avec le plus grand mépris. Ils disaient qu'il n'y avait pas assez de temps avant la fête, et qu'ils ne voulaient point la troubler en provoquant un tumulte. Le sanhédrin cependant prêta quelque attention aux propositions de Judas […]

Il ajouta qu'il fallait s'emparer maintenant de Jésus ou jamais, et qu'il ne voulait plus revenir auprès d'eux, parce qu'alors il ne pourrait plus le livrer; car depuis plusieurs jours, et ce jour-là en particulier, les autres disciples et Jésus lui-même, avaient manifesté clairement qu'ils avaient sur lui des soupçons, et qu'ils le tueraient sans doute s'il retournait auprès d'eux. Il dit encore que s'ils n'arrêtaient pas Jésus immédiatement, il allait s'évader pour revenir bientôt avec toute une armée de partisans et se faire proclamer roi. Judas, par ses menaces, parvint à les décider. On accepta sa proposition et il reçut le salaire de son crime, les trente pièces d'argent. Ces pièces étaient oblongues, percées à l'une de leurs extrémités et attachées par des anneaux à une chaîne; J'y vis empreints des caractères. "
(VNSJC 3 pages 179-181)

Ainsi les motivations de Judas sont claires. C'est le dépit et sa suffisance qui ont poussé Judas à vendre Jésus à ses ennemis. Il "assure ses arrières" en s'octroyant les bonnes grâces des princes des prêtres. Même si il était nécessaire que Jésus soit arrêté pour accomplir la Passion, le baiser que Judas fait à Jésus pour le désigner aux soldats est infâme. Si proche de Jésus pendant ces derniers mois, ayant mangé la Pâque avec lui le soir même, voilà que Judas livre son maître.

Néanmoins Judas n'est pas "un monstre". Il est très humain et ressemble à n'importe quel homme qui agit ponctuellement par cupidité, par dépit ou par envie. D'ailleurs, il réalise très vite son erreur. C'est émouvant de voir comment Judas est pris de remords en voyant la tournure des évènements. Influencé par Satan, terrorisé à la vue des conséquences de son acte, Judas, voulant "effacer" son crime, rend l'argent aux princes des prêtres. Malheureusement, jamais il ne demandera pardon à Jésus. Déchiré de remords, il se donne la mort en accomplissant la loi, telle que Satan lui inspire :
" Maintenant on le conduit à la mort ; tu l'as vendu : te rappelles-tu ce qu'il y a dans la loi ? Celui qui a vendu la vie d'un de ses frères, d'un des enfants d'Israël, et qui en a reçu le prix, doit mourir de mort. Finis-en misérable, finis-en ! " Alors Judas désespéré, prit sa ceinture, et se pendit à un arbre qui croissait là dans un enfoncement ; il creva par le milieu du corps, et toutes ses entrailles se répandirent sur la terre. " (VNSJC 3 page 239)

Si Jésus avait confié à Judas la mission de le trahir pour permettre sa Passion: "Tu les surpasseras tous. Car tu sacrifieras l'homme qui me revêt" (évangile de Judas), pourquoi aurait-il mit fin à ses jours aussi brutalement? Il aurait plus probablement essayé de convaincre les autres Apôtres du bien fondé de sa mission, ou alors il aurait fuit. Il n'aurait pas été désespéré au point de se suicider.

 

 

CONCLUSIONS

L'évangile de Judas n'est que le fruit vérolé d'une secte qui vénérait les anti-héros les plus sombres de la Bible. Au lieu d'une révélation sur la véritable relation entre Jésus et Judas, cet évangile était plutôt un moyen de justifier le comportement déviant des adeptes de cette secte en réhabilitant des " modèles " peu recommandables. Les Caïnites n'avaient pour but que d'inciter leurs adeptes à des comportements malsains sous couvert d'une justification pseudo-religieuse.

Judas n'a rien du " fils monstrueux " dépeint dans la Légende dorée. C'est un Juif pieu et pratiquant qui, comme beaucoup de ses contemporains, espère en Jésus un Messie glorieux qui libérera Israël du joug romain. Judas aspire à occuper un poste important et gratifiant dans le futur royaume d'Israël.
C'est le dépit et sa suffisance qui poussent Judas à vendre Jésus à ses ennemis. Le baiser que Judas fait à Jésus pour le désigner aux soldats venus l'arrêter est infâme. Judas trahit son maître sous couvert d'un geste d'amitié.

Si Jésus avait confié à Judas la mission de le trahir pour permettre sa Passion, Il n'aurait pas été désespéré au point de se suicider. Il aurait plus probablement essayé de convaincre les autres Apôtres du bien fondé de sa mission.

Faut-il voir en Judas l'ultime accomplissement figuratif de la trahison des autorités religieuses juives envers Jésus Christ? Ces grands prêtres, représentants de Dieu devant les hommes, n'ont pas reconnu le Messie d'Israël. Ils étaient pourtant si près de lui.

 

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Heinrich Holtmann (1926)

" Et moi je suis morte, je ne suis qu'un esprit; autrement je ne pourrais voir ces choses, car elles n'existent pas maintenant, et cependant maintenant elles existent. Mais cela n'existe pas dans le temps; en Dieu il n'y a pas de temps, en Dieu tout est présent ; je suis morte, je suis un esprit. " (Anne Catherine Emmerich)

 

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